ADP compte sur le soutien des collectivités locales

À quelques semaines des arbitrages sur le contrat de régulation économique, qui fixera son cadre budgétaire jusqu'en 2020, Aéroports de Paris revendique le soutien "d'une vingtaine" de collectivités et institutions locales, alors que les compagnies aériennes réclament une baisse de leurs redevances. "Nous avons reçu une vingtaine de courriers de collectivités et de chambres de commerce qui prennent position en faveur de notre proposition", a indiqué le gestionnaire des aéroports de Roissy et d'Orly. Le soutien des élus locaux porte essentiellement sur le plan d'investissement dévoilé en décembre, d'un montant de 3,1 milliards d'euros pour la période 2016-2020, contre 2 milliards prévus de 2011 à 2015. "Il faut saluer l'ambition et l'effort d'investissement que souhaite mener ADP", a confirmé le cabinet du président du conseil général de Seine-Saint-Denis, qui attend "des retombées positives sur le tissu économique et l'emploi local" autour du pôle de Roissy. Même enthousiasme en Seine-et-Marne voisine, département reconquis par la droite aux élections de mars, où "la nouvelle équipe continue de soutenir ce projet", selon un porte-parole. En ce qui concerne l'aéroport d'Orly, les autorités du Val-de-Marne se montrent "plutôt favorables" au développement du trafic, à condition de "ne pas déborder des autorisations de décollage et d'atterrissage" actuelles, pour ne pas aggraver l'exposition au bruit des riverains.
Ces appuis seront utiles à ADP pour défendre sa proposition sur le volet le plus polémique du CRE : les redevances aéroportuaires, qui représentent plus de 40 % de son chiffre d'affaires, soit 1,14 milliard d'euros l'an dernier. L'entreprise souhaite leur appliquer une hausse moyenne de 1,75 % par an (hors inflation et part variable) à partir de 2016, contre 1,37 % par an depuis 2011.

"L'aéroport détruit de la compétitivité"

Les compagnies aériennes y sont résolument opposées. En mars, la Fédération nationale de l'aviation marchande a même réclamé une baisse des redevances de 2,5 % par an jusqu'en 2020, remarquant au passage que le bénéfice d'ADP avait augmenté "de façon remarquable" en 2014 (402 millions d'euros, soit + 33 %), malgré une grève de deux semaines en septembre chez son premier client, Air France. Pour la première compagnie française, qui verse environ 500 millions d'euros par an à ADP, la proposition actuelle "représente 150 millions d'euros de charges supplémentaires sur cinq ans", calcule Marc Verspyck, directeur financier d'Air France. "Les redevances ont augmenté très fortement ces dernières années à Paris, plus que l'inflation et plus que la plupart des autres plateformes européennes", ajoute-t-il, estimant que "cela met en cause la compétitivité de notre activité à Orly et à Roissy". "L'aéroport détruit de la compétitivité et de l'attractivité", renchérit François Bacchetta, directeur pour la France d'EasyJet, deuxième client d'ADP en termes de trafic. Faute d'une rentabilité suffisante, la compagnie britannique à bas coût aurait renoncé à trente lignes au départ de Roissy et à des rotations supplémentaires sur certaines lignes existantes, alors qu'une "baisse de 7 % des redevances se traduirait par 3 millions de passagers en plus" pour le hub parisien, affirme-t-il.
Pour les compagnies, la solution passerait par une réintégration des activités commerciales d'ADP dans le périmètre du contrat de régulation économique, comme avant 2011. L'an dernier, les revenus des boutiques, restaurants et autres publicités se sont établis à 400 millions d'euros. "Ce sont nos passagers qui font les revenus des boutiques", plaide François Bacchetta. Du côté d'Air France, Marc Verspyck remarque que "les dépenses d'exploitation d'ADP pourraient être un peu plus serrées" et qu'il "conviendrait d'en faire supporter davantage" par les revenus commerciaux.
Le gestionnaire des aéroports parisiens voit "dans les réactions de ses clients des éléments de préoccupations qui peuvent l'amener à revoir" sa proposition, tout en rappelant avoir "déjà bougé des curseurs" avant de la soumettre à consultation publique en janvier. Chaque partie fera valoir ses arguments à partir de mai devant la commission consultative aéronautique (CoCoAéro), avant d'ultimes négociations avec le ministère chargé des Transports, en vue d'une signature du contrat de régulation au début de l'été. Contacté, le secrétariat d'État aux Transports indique qu'il "ne prend pas position tant que la CoCoAéro ne lui a pas rendu son avis".

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