
© ADP/Luider Émile
Aéroports de Paris (ADP) prend 38 % du turc Tav. Le gestionnaire des aéroports parisiens réalise ainsi sa première grosse acquisition depuis son entrée en Bourse en 2006. Il déboursera 874 millions de dollars (667 millions d'euros) pour cette participation minoritaire, soit 32 % de plus que le dernier cours de clôture. "On a gagné cet appel d'offres et, de ce fait, Aéroports de Paris change un peu de dimension", a déclaré son patron, Pierre Graff, depuis Istanbul.
«L'ensemble ADP-Tav comprendra 37 aéroports»
L'opérateur turc, né de la privatisation de l'aéroport Atatürk d'Istanbul, gère un total de douze aéroports en Turquie, mais aussi en Géorgie, Tunisie, Macédoine, Lituanie et Arabie saoudite. Des destinations qui affichent des hausses annuelles du trafic passager de 11 à 15 %. L'ensemble ADP-Tav comprendra 37 aéroports gérés directement ou indirectement et environ 180 millions de passagers en transit par an.
Au-delà, "c'est un placement d'argent extrêmement productif", a fait valoir M. Graff. ADP, qui avait révélé publiquement son intérêt le mois dernier, s'attend à un retour d'investissement "à deux chiffres" et positif pour ses résultats à partir de 2013. "Tav, qui est extrêmement bien géré, a une stratégie que nous n'allons pas changer qui consiste à grossir par croissance externe, dans leur zone d'influence évidemment, puisqu'ils sont mieux placés sur la partie Est de l'Europe et la partie Ouest du Moyen-Orient", a expliqué M. Graff.
L'acquisition - réalisée auprès des sociétés privées turques Akfen Holding, Tepe Insaat et Sera Yapi - intervient aussi après de vives tensions entre Paris et Ankara autour de la loi française punissant la négation du génocide des Arméniens en 1915, finalement bloquée. "Dans ce domaine, c'est une transaction commerciale pure, c'est une transaction d'ailleurs privée", l’État turc n'ayant pas de participation dans Tav, a minimisé Pierre Graff. Le seul concurrent déclaré d'ADP était d'ailleurs un autre français, le géant du BTP Vinci.
Une acquisition d'envergure
"Cette opération est la première acquisition d'envergure d'Aéroports de Paris depuis l'introduction en Bourse en 2006", souligne Éric Lemarié, analyste chez Aurel-BGC, si l'on exclut la prise d'une participation de 8 % dans Amsterdam-Schipol fin 2008. Selon lui, l'opération est "de prime abord positive" du fait des taux de croissance affichés par Tav. "Pour autant, le prix peut apparaître comme élevé", juge-t-il. La stratégie internationale du gestionnaire de Roissy-CDG et d'Orly consiste à se développer dans les grands aéroports internationaux de plus de 10 millions de passagers et situés dans les pays développés de l'OCDE ou dans les "Bric" (Brésil, Russie, Inde et Chine).