
© Astilleros de Cádiz
Si les chantiers navals espagnols devaient restituer les aides d'État reçues entre 2005 et 2011, "il n'y a pas le moindre doute que cela sera la fin de l'industrie navale privée en Espagne", a assuré Alvaro Platero. Ce dernier est président de Pymar (Pequeños y Medianos Astilleros Sociedad de Reconversión), la fédération qui représente les 19 chantiers navals privés du pays. "Cela impliquerait la perte de 87.000 postes de travail tant dans les chantiers navals que dans l'industrie auxiliaire", selon Almudena Lopez de Pozo, directrice générale de Pymar. Cette dernière chiffre les aides reçues par le secteur à quelque 3 milliards d'euros, dont l'association pense devoir rendre 95 %.
"Ce serait la fin de l'industrie navale privée en Espagne"
"Il y a un problème d'aides d'État, pas seulement en Espagne mais aussi dans d'autres pays", a reconnu le commissaire européen à la Concurrence, Joaquin Almunia et "cela implique l'obligation de rembourser". Celui-ci doit remettre une proposition à ce sujet pour permettre à la Commission de prendre sa décision le 17 juillet, a-t-il rappelé. "La proposition que je fais est que les aides reçues par l'ensemble des acteurs (de la construction navale, ndlr) sont incompatibles avec le système d'aides d'État" autorisé par Bruxelles, a-t-il dit, précisant que les aides concernées sont celles versées entre 2005 et 2011. Mais "les chantiers navals n'ont pas l'obligation de rendre (ces aides) et personne ne peut les obliger" à le faire, a-t-il assuré, promettant que cette obligation ne concernera que "les investisseurs" ayant financé l'achat de navires grâce à ces aides et "les armateurs" qui ont acquis ces bateaux.
Les commandes en chute libre
"C'est une véritable tromperie", a réagi Almudena Lopez de Pozo. Pour elle, ceux qui seront obligés de rembourser les aides se retourneront vers les chantiers navals : "Nous aurons 10.000 procès dès le lendemain de la décision", a-t-elle prévenu, s'inquiétant aussi que l'industrie espagnole ne décroche ensuite plus aucun contrat. L'association affirme que six chantiers navals ont déjà fermé en Espagne ces deux dernières années et que le secteur a perdu des contrats pour 50 navires, en raison de l'insécurité juridique créée par l'enquête de la Commission. Elle réclame de bénéficier du même traitement que la France, dont les aides aux chantiers navals avaient été déclarées illégales en 2006 mais qui, selon Pymar, n'avait pas été obligée à rembourser.
L'Espagne compte 19 chantiers navals privés, notamment en Galice, au Pays Basque, dans la région de Valence et en Catalogne, et "90 % des bateaux que nous construisons sont destinés à l'exportation", a expliqué le président de Pymar. Dans une année normale, le secteur signe des contrats pour 300.000 tonnes brutes et une valeur de 2 milliards d'euros, mais en 2011 ceux-ci n'ont représenté que 21.800 tonnes, puis quelque 30.000 tonnes en 2012. Au premier trimestre 2013, les chantiers navals ont signé des contrats pour 3.450 tonnes seulement, selon Pymar.