
© AIR AUSTRAL
Pour la première fois de son existence, la compagnie réunionnaise Air Austral créée en 1990 accuse une perte nette de 1,9 million d'euros pour l'exercice 2010-2011 (clos le 31 mars) sur un chiffre d'affaires de 370 millions (+ 10 %), selon le cabinet Deloitte Finance. Pour le premier semestre 2011-2012, le résultat d'exploitation se dégrade (- 23,9 millions d'euros) malgré une croissance du chiffre d'affaires de 16 % à 228 millions d'euros. Air Austral, dont le patron, Gérard Ethève, 82 ans, a été contraint de démissionner et dont le nom du successeur doit être prochainement annoncé, a pour principal actionnaire la Sematra (46,57 % du capital) constituée de la Région (50 % des parts), du Conseil général (30 %) et des investisseurs privés (20 %).
"Air Austral accuse une perte pour la première fois de son existence"
Elle a sollicité en janvier une augmentation de capital de 20 millions d'euros en numéraire et 20 millions d'euros en émissions d'obligations convertibles en actions pour faire face à ses difficultés, dont 18,6 millions à la charge de la Sematra. Mais cette dernière a conditionné son accord à un audit financier confié à Deloitte Finance. Le cabinet souligne la "dégradation des paramètres d'exploitation du fait de l'augmentation du prix du kérosène" dont la part est passée de 23 % à 36 % du chiffres d'affaires et "une accélération de la consommation de la trésorerie sur les exercices 2011 et 2012, notamment en raison des besoins de financement générés par les nouveaux appareils". "Ces investissements (deux B737-800 en 2011, un B777-200 en 2012) ainsi que les acomptes versés pour l'acquisition de trois nouveaux appareils (un B777-200LR et deux A380) ont généré une augmentation de 251 millions d'euros de la dette financière nette depuis 2009 (188 millions pour les acquisitions et 83 millions pour les avances versées), se traduisant par un déséquilibre de la structure du bilan", ajoute le rapport.
Des préconisations
Pour sortir Air Austral de ses difficultés, la mission préconise la réduction du nombre d'avions de onze à neuf, le maintien des liaisons sur l'ensemble des destinations (Europe, Océanie, océan Indien) et la mise en place d'un plan de réduction des coûts de 15 millions d'euros par an. S'agissant du projet A380 dont deux appareils doivent être livrés à Air Austral en 2014 et 2015, le cabinet suggère la "recherche d'une solution de financement alternatif", excluant tout nouveau versement d'acompte de la part d'Air Austral. La compagnie avait confirmé la commande de deux super Jumbo en novembre 2009. Elle prévoit de les dédier à la liaison Réunion/métropole. Elle les exploiterait en outre en classe unique pour disposer d'une capacité de l'ordre de 810 passagers. Elle espère ainsi réduire les coûts de production, et par conséquent le prix du voyage d'environ 25 %, pour dynamiser le trafic. Mais ce projet est ainsi en suspens.