Air France : dixième jour de grève des pilotes

Les pilotes d'Air France ont entamé mercredi 24 septembre leur dixième jour de grève, égalant le record de 1998, dans un contexte de crispation autour du projet de la filiale low-cost Transavia, au cœur d'un imbroglio entre le gouvernement et la compagnie.
Suspension ou abandon du projet ? La cacophonie persiste mercredi matin après que le secrétaire d'État aux Transports, Alain Vidalies, a une nouvelle fois déclaré le projet Transavia Europe "abandonné par la direction". Des propos immédiatement démentis par la compagnie. "Aucun changement dans les négociations ne permet d'affirmer que ce projet est retiré" a affirmé un porte-parole. Le patron d'Air France, Frédéric Gagey, a ensuite précisé à Europe 1 qu'avait seulement été "retirée" "l'idée de créer maintenant ces filiales". "On a compris qu'il fallait réexpliquer le projet et surtout discuter avec les partenaires sociaux pour trouver les conditions qui permettraient de reprendre", a-t-il ajouté.
Mardi 23 septembre, le Premier ministre, Manuel Valls, avait de son côté stigmatisé une grève sans "aucune raison" représentant "un vrai danger pour la compagnie" aérienne (dont l'État est actionnaire à hauteur de 16 %), qui estime ses pertes liées au conflit à 15 ou 20 millions d'euros par jour.

Annulation de la moitié des vols

Au milieu de cette confusion, dans les aéroports, le conflit se traduit par l'annulation de près de la moitié des vols. Air France prévoit d'assurer 46 % des siens, sensiblement comme mardi 23 septembre (48 %). La situation s'est encore un peu plus détériorée à Nice, où seulement douze vols sur trente (80 % d'annulation) ont été maintenus pour la journée de mercredi 24 septembre. À Toulouse, 70 % des vols de la compagnie Air France ont été annulés. Au niveau national, le taux de grévistes devrait baisser à 52 %, après 65 % lundi 22 septembre et 57 % mardi 23 septembre, selon la compagnie, qui recommande à ses clients ayant réservé un vol d'ici le 30 septembre de reporter leur voyage ou de changer leur billet sans frais.
Le Syndicat national des pilotes de ligne (SNPL), majoritaire dans la profession et héraut de la contestation, a étendu son préavis de grève jusqu'à cette date. Ceux du Spaf, deuxième syndicat, et d'Alter (non représentatif) courent jusqu'à vendredi 26 septembre. Au lendemain d'un rassemblement qui a réuni entre 200 et 300 pilotes de ligne à Paris, à l'appel de ces organisations syndicales, une contre-manifestation est organisée à 12 heures à Roissy pour soutenir la direction contre ces professionnels du ciel en grève.
À quelques mois des élections professionnelles de mars 2015, les dissensions entre les différentes catégories du personnel d'Air France n'ébranlent pas la détermination des syndicats de pilotes, décidés à enterrer définitivement la filiale à bas coût Transavia Europe. Or, le dialogue semble rompu entre les syndicats qui réclament la suppression du projet Transavia Europe et la direction qui a décidé lundi 22 septembre de geler le développement de celle-ci jusqu'à la fin de l'année afin de rouvrir les négociations. "Depuis vendredi 19 septembre, on n'a pas eu de réunion de discussion avec Air France", s'est plaint mardi 23 septembre Jean-Louis Barber, président du SNPL AF Alpa. "La direction a pris plus de temps le week-end dernier pour construire son plan médias que pour dialoguer avec nous", a-t-il regretté. "Les négociations ne sont pas rompues, notre porte est ouverte", a rétorqué le PDG du groupe Air France-KLM, Alexandre de Juniac, insistant sur le fait que les propositions formulées par la direction "sont jugées très positives par les pouvoirs publics".
Les inquiétudes des syndicats se cristallisent autour d'une compagnie à bas coût paneuropéenne qui imposerait à ses pilotes des contrats de statut local soulevant un risque de "dumping social", selon eux. Leur mouvement social, qui cloue au sol plus de la moitié des avions depuis le 15 septembre, a égalé le record du plus long conflit mené par les pilotes d'Air France. En juin 1998, ces derniers protestaient contre le projet du PDG Jean-Cyril Spinetta de réduire de 500 millions de francs (environ 76 millions d'euros) la masse salariale annuelle des pilotes grâce à un échange salaire contre actions.

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