Air France : projet de réduction de la flotte long-courrier

Départs contraints et réduction de la flotte : Air France a précisé vendredi 4 septembre les contours de son plan B, que la compagnie menace de mettre en œuvre si aucun accord n'est trouvé avec les syndicats sur un nouveau plan de restructuration.
La trêve estivale est terminée. Après une haute saison jugée "satisfaisante", Air France veut avancer sur son plan de restructuration Perform, alors que les discussions sont au point mort avec les pilotes et ont peu progressé avec les personnels navigants commerciaux (PNC, hôtesses et stewards) et les personnels au sol.
À l'occasion d'un comité central d'entreprise (CCE), la direction a exposé aux syndicats les grandes lignes du scénario "d'attrition", présenté depuis plusieurs mois comme l'alternative en cas d'échec des négociations. Faute d'accord, la compagnie envisage une réduction de son offre long-courrier de 10 % d'ici 2017, "accompagnée d'une réduction de la flotte", estimée à "une dizaine d'avions au minimum" selon une source proche de la direction. Ce scénario aurait des conséquences en cascade, notamment sur l'activité moyen-courrier et le renouvellement de la flotte. "On se pose la question de l'entrée en service des Boeing 787", a indiqué la même source. Air France doit en principe prendre livraison de 13 B787 à partir de 2016, mais un report voire une annulation de cette commande ne sont donc pas à exclure.
Le plan B aura aussi "des conséquences sur l'emploi" et entraînera des "départs contraints pour l'ensemble des catégories de personnel", a ajouté cette source. "C'est la première fois qu'Air France agite la menace de départs contraints", affirme Didier Fauverte, représentant CGT. L'ex-compagnie nationale a en effet recours depuis plusieurs années à des plans de départ volontaires pour réduire ses effectifs. Le groupe Air France, qui employait fin 2014 plus de 64.000 salariés, n'a pas précisé le nombre de licenciements envisagé, ont indiqué des représentants syndicaux. Selon Ronald Noirot, responsable CFE-CGC, un avion équivaut à environ 350 emplois, tandis que Didier Fauverte estime le nombre de postes menacés "entre 4.000 et 5.000".

"Chantage à l'emploi"

La mise en œuvre de ce plan B est "encore conditionnée au blocage des discussions avec les pilotes", tempère un autre responsable syndical. Depuis la grève de deux semaines des pilotes en septembre 2014, le SNPL (majoritaire) et la direction sont à couteaux tirés. La direction a assigné le syndicat devant la justice pour trancher un litige sur le précédent plan de restructuration, Transform, chaque partie accusant l'autre de ne pas avoir tenu ses engagements. L'affaire sera jugée à Bobigny le 17 septembre, une semaine avant un nouveau CCE qui actera la reprise ou l'arrêt des négociations sur Perform. "Les personnels au sol risquent de payer cher si le SNPL ne prend pas ses responsabilités", a déclaré à Ronald Noirot, qui propose de passer par un référendum d'entreprise si le blocage persiste. "Le SNPL sert de bouc-émissaire", se défend Véronique Damon, secrétaire générale du syndicat de pilotes, qui "a l'impression qu'Air France ne sait pas où elle va". "Pas question de se monter les uns contre les autres", a réagi Didier Fauverte, de la CGT, dénonçant "un chantage à l'emploi". Selon lui, "dans les deux scénarios, A et B, ils parlent de départs contraints", plus limités dans le premier cas.
Présenté fin avril, le plan Perform prévoit une réduction de 1,1 milliard d'euros des coûts du groupe Air France. Il succède à Transform, qui s'est déjà traduit par plus de 6.400 suppressions de postes au sein d'Air France et de ses filiales. Parmi les pistes d'économies, la compagnie entend "ramener les navigants aux standards européens en matière de temps de travail, à rémunération constante", selon une deuxième source proche de la direction. L'écart de productivité des pilotes et navigants commerciaux est évalué entre 15 et 20 % avec leurs homologues des autres "majors" européennes Lufthansa, British Airways, Iberia, mais aussi KLM, qui appartient à la même maison-mère qu'Air France. Au premier semestre, le groupe Air France-KLM a vu sa perte nette se creuser de 3 %, à 638 millions d'euros.

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