Alstom : GE et Siemens/MHI doivent améliorer leurs offres

La présidence française a appelé jeudi 12 juin l'américain General Electric et le tandem germano-nippon Siemens/MHI, auquel vient de se rallier un second groupe japonais, à améliorer leurs offres de rachat du pôle énergie d'Alstom, se refusant toujours à trancher entre les prétendants.
À l'issue d'une réunion à l'Élysée autour du président, François Hollande, qui a duré trois quarts d'heure, en présence notamment du Premier ministre, Manuel Valls, et du ministre de l'Économie, Arnaud Montebourg, la présidence française a rappelé que l'État n'avait pour l'heure aucune "préférence pour telle ou telle proposition" et souhaité que celles-ci "s'améliorent". "Aujourd'hui, il y a une offre qui est connue et déposée qui est l'offre de General Electric et une offre qui devrait être confirmée dans les prochains jours qui est celle de Mitsubishi associé à Siemens", a-t-on rappelé. "Nous n'avons pas de préférence pour telle ou telle proposition. Nous avons des exigences qui sont l'emploi, le maintien de l'activité en France, l'indépendance énergétique. C'est à cette aune-là que nous regarderons les choses", a-t-on ajouté. "Notre objectif maintenant c'est de continuer à aider à ce que les propositions s'améliorent pour servir au mieux ces différents objectifs", a indiqué la présidence, précisant qu'une nouvelle réunion dans le même format se tiendrait "la semaine prochaine".

L'offre germano-nippone se précise

L'allemand Siemens a relancé mercredi 11 juin la bataille pour le rachat du pôle énergie d'Alstom, en annonçant s'être allié au japonais Mitsubishi en vue d'une éventuelle offre commune, afin de contrecarrer General Electric (GE). Officiellement les géants nippon et allemand n'ont encore avancé aucune offre chiffrée, mais le quotidien japonais "Nikkei", bible des milieux d'affaires de l'archipel, a affirmé qu'ils proposaient 7,25 milliards d'euros. Cette offre est inférieure en valeur à celle de GE, qui a déjà proposé 12,35 milliards d'euros pour les activités énergétiques du français Alstom, mais elle concernerait un périmètre plus petit qui exclurait notamment les activités de distribution et transmission d'électricité.
Elle serait formulée en deux parties : MHI, associé à son compatriote Hitachi pour l'occasion, proposerait 3,6 milliards d'euros pour les activités de turbines à vapeur d'Alstom, utilisées dans les centrales nucléaires françaises, tandis que Siemens investirait la même somme pour acquérir l'activité de turbines à gaz.

Hitachi entre dans la bataille

Selon une source au fait des discussions, l'Allemand prévoirait toujours de céder ses activités ferroviaires à Alstom, qui veut se recentrer sur ce secteur jugé plus porteur, quitte à se passer de sa branche énergie qui pèse environ 70 % de ses revenus. MHI a affirmé en réponse aux informations du "Nikkei" que "le schéma, le montant de l'investissement et d'autres points" de son offre commune avec Siemens "étaient en cours d'étude" et qu'"aucune décision" n'avait été prise. Les deux groupes feront savoir au plus tard le 16 juin s'ils concrétisent leur intérêt par une offre ferme au conseil d'administration du groupe français.
De son côté, un responsable de Hitachi a confirmé sa participation à l'offre conjointe de Siemens et son compatriote MHI. "Hitachi a été informé et nous pensons que c'est une offre intéressante", a déclaré Katsumi Nagasawa, chef de la division énergie thermique et nucléaire du conglomérat nippon, lors d'une réunion avec des investisseurs, avant de préciser : "Nous allons coopérer avec Mitsubishi Heavy Industries (MHI) dans l'énergie thermique".

Droit de veto

Mais l'arrivée des Japonais dans la bataille pour Alstom bouleverse déjà la donne pour la conquête de ce géant hexagonal, considéré comme stratégique par les plus hautes autorités de l'État. General Electric fait le siège des autorités françaises pour obtenir leur feu vert depuis qu'il a formalisé fin avril son offre pour racheter les activités d'énergie d'Alstom, élaborée secrètement avec le fabricant de TGV et de centrales électriques. Il a décidé de la prolonger de trois semaines, jusqu'au 23 juin, pour convaincre de sa pertinence. Mais Siemens, qui a les faveurs du ministre de l'Économie, Arnaud Montebourg, veut empêcher son concurrent américain de devenir trop puissant en Europe. Il espère faire basculer l'Élysée en sa faveur, grâce au renfort des industriels japonais, qui jugent le secteur énergétique comme prioritaire et sont actifs eux aussi dans le transport ferroviaire. Partisan d'un "Airbus de l'énergie", l'exécutif s'est doté d'un droit de veto dans le dossier et exige des garanties sur l'emploi, le maintien des centres de décisions en France et surtout la sanctuarisation de la technologie d'Alstom, dont les turbines à vapeur équipent les centrales nucléaires d'EDF.

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