Alstom recentré, desendetté, mais pas forcément tiré d'affaire

Le feu vert de Bruxelles au rachat de la branche énergie d'Alstom par l'américain General Electric lève le dernier obstacle au recentrage du groupe français sur ses activités d'équipementier ferroviaire, un domaine où il affiche de grandes ambitions mais fait aussi face à de nombreux défis.
Une fois la cession finalisée - d'ici la fin de l'année selon GE, plus d'un an et demi après l'annonce de l'opération -, le nouvel Alstom présentera un périmètre largement réduit (l'énergie représentait quelque 70 % de son chiffre d'affaires), un nouveau visage (Patrick Kron devant céder la place à Henri Poupart-Lafarge), comptera l'État pour premier actionnaire et aura une dette allégée, qu'il veut mettre à profit pour participer à la concentration du secteur ferroviaire.

Secteur des transports en pleine recomposition

"La réalisation définitive de l'opération dans les prochaines semaines permettra de donner à Alstom Transport les moyens de son développement", a estimé mardi 8 septembre le ministre de l'Économie, Emmanuel Macron. Si toutes les entreprises étaient "aussi peu viables qu'Alstom Transport, ça ferait du bien à l'économie", avait cherché à rassurer Patrick Kron dès le mois de juin, alors que certains s'interrogent sur la capacité du groupe à s'imposer sur ce marché. Car en choisissant au printemps 2014 de céder sa branche énergie, s'estimant dépassé dans la course à la taille critique et aux avancées technologiques, Alstom a joué son va-tout dans le secteur des transports, lui-même en pleine recomposition.
Rachat du français Faiveley Transport par l'équipementier américain Wabtec Corporation, introduction en Bourse de Bombardier Transport, reprise d'Invensys par Siemens, d'Ansaldo par Hitachi, ou encore fusion des géants chinois CNR et CSR : les opérations se sont multipliées ces dernières années, donnant naissance à de redoutables concurrents.

Pression concurrentielle

"La division transport d'Alstom est l'un des leaders de l'équipement ferroviaire, avec l'une des trois premières places de ce marché très fragmenté", et son chiffre d'affaires a crû de 5,9 % par an en moyenne ces cinq dernières années, contre 1,5 % pour l'ensemble du secteur, observe l'agence de notation Moody's, dans une note publiée mercredi 9 septembre.
Mais les opérations Hitachi-Ansaldo et CNR-CSR "pourraient menacer la position concurrentielle d'Alstom et mettre les prix sous pression", avertit l'agence.
Dans ce contexte, Alstom entend "participer à la consolidation de l'industrie" et se montrer "opportuniste", avait déclaré dès juin Henri Poupart-Lafarge, actuel président d'Alstom Transport, amené à prendre la succession de Patrick Kron.
Les 12,05 milliards d'euros qu'il percevra de GE devraient aider l'industriel dans ses ambitions, même si une partie de cette somme servira à réduire son endettement (son ratio dette nette sur fonds propres atteignait 74 % au 31 mars). Par ailleurs, 3,2 milliards à 3,7 milliards d'euros seront distribués aux actionnaires à travers une offre publique de rachat d'actions, Alstom procédera au rachat pour 600 millions de l'activité signalisation de GE, investira 2,5 milliards dans ses trois coentreprises avec l'américain et déboursera plus de 700 millions pour payer l'amende mettant fin à des poursuites pour corruption aux États-Unis.
Autre défi pour Alstom, la concurrence mondiale accrue se double d'un marché français atone, le contexte de rigueur budgétaire retardant les commandes de nouveaux trains régionaux et celle du TGV tardant aussi à tomber.
Une situation qui fait craindre pour l'avenir des sites industriels du groupe. Si l'ombre de la fermeture a un temps plané sur celui de Belfort, en manque de commandes, il semble que l'hypothèse soit finalement écartée, mais des suppressions de postes sont toujours envisagées.
Un dossier où l'État aura son mot à dire, puisqu'en vertu de l'accord conclu avec Bouygues, le gouvernement français rachètera au groupe de construction et de médias jusqu'à 20 % des 29,3 % du capital d'Alstom qu'il détient.
"Les dispositifs de l'accord conclu entre l'État et le groupe Bouygues entreront en vigueur dès l'approbation définitive de l'opération par les organes sociaux du groupe Alstom. Ils portent en particulier sur la représentation de l'État au sein de la gouvernance d'Alstom, sur un prêt de titres et sur une série de promesses de vente de Bouygues au bénéfice de l'État, permettant à l'État d'acquérir jusqu'à 20 % du capital d'Alstom", a confirmé Bercy mardi 8 septembre.

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