"Année Zéro" pour le port de commerce de Nice

La pandémie aura fait naufrager le port de commerce de Nice en pénalisant ses activités de passagers : le trafic avec la Corse et la croisière. S'ils restent minoritaires, les flux de marchandises sauvent cette année noire avec un résultat positif.
Le port de commerce de Nice, intégré dans la ville et à l’espace contraint, a vu au fil du temps décliner son activité de commerce au profit du passage. Faute de solutions d’adaptation ou d’extension, l’infrastructure semble se contenter d’un rôle mineur alors que sa situation géographique est stratégiquement forte.
Jean-Marc Bérard, directeur des exploitations portuaires de la CCI Nice-Côte d'Azur, gestionnaire du port de commerce, sait que 2020 sera certainement une année sombre.
"L’accueil des navires de croisière, déjà rendu difficile par la taille réduite de nos quais, était à l’arrêt jusqu’en juillet, rappelle-t-il. L'activité a repris mais de façon limitée, avec les têtes de ligne de la compagnie Ponant. Ce sont des petits bateaux de 200 à 300 personnes de capacité, où les contraintes sanitaires peuvent être plus facilement appliquées que sur des gros navires qui accueillent 5.000 personnes."

Année blanche pour la croisière

Si les compagnies MSC Croisières et Costa ont repris leurs circuits en Méditerranée, leurs unités évitent pour l’instant les escales à Nice et à Cannes. Pour le directeur, le constat est clair : "C’est une année blanche pour la croisière comme tant d’autres port de Méditerranée." Ainsi, Monaco a bloqué tout accueil de paquebots et "la reprise en 2021 n’est toujours pas sûre."
Autre activité touchée par la pandémie, celle assurée par les navires de Corsica Ferries désormais seuls à la manœuvre à Nice. "Le trafic a redémarré en juillet également après plus de trois mois d’arrêt. On devrait terminer l’année avec 230.000 passagers, soit deux fois moins qu’en 2019 (415.000 passagers). On reste en deçà des 240 rotations de ferries prévues en début d’année, toutefois la casse aurait pu être plus sévère", estime Jean-Marc Bérard.
Les navires de Corsica Ferries utilisent depuis janvier un carburant à 0,1 % de soufre quand ils manœuvrent dans le port niçois. C’était une exigence de la métropole Nice-Côte d’Azur en 2019.

Réduction des dépenses

Heureusement, le trafic de marchandises affiche, lui, une bonne santé. "On devrait atteindre les 180.000 tonnes, soit mieux qu'en 2019.
Le port exporte principalement du ciment en provenance des deux grands sites de production de l’arrière pays niçois situées à moins de 20 km. Une activité en essor qui a poussé le groupe Vicat à inaugurer en décembre 2019 à Nice son navire cimentier le "Capo Cinto" (91 mètres de long, d'une capacité de 2.000 tonnes dans 14 cuves). Celui-ci vient épauler le "Capo Nero" de la Someca qui est opéré par Lafarge et Vicat. Outre les ports corses, il pourra desservir l’Italie et d’autres destinations en Méditerranée. Reste que la faible activité du port niçois en 2020 a pour conséquence de pénaliser l’exploitant. L'année "sera mauvaise en termes de recettes d’exploitation bien en deçà des 2 millions d'euros encaissés en 2019", pour Jean-Marc Bérard, qui se dit préoccupé.
Le port a donc taillé dans les dépenses de fonctionnement, renonçant à employer des travailleurs saisonniers l'été dernier. Quant à l’investissement, il n’est pas pénalisé même s’il reste à un niveau modeste. "Nous avons poursuivi les travaux de rénovations des terminaux passager réalisés en 2019 pour un million d’euro en continuant en 2021 sur le terminal du quai de commerce", rappelle le directeur des exploitations portuaires.

Réflexions environnementales

La CCI engage des réflexions sur l’électrification des quais, notamment pour l’accueil de navires de croisières pour limiter le recours aux moteurs auxiliaires. D'autre part, la ligne 2 du tramway qui relie directement les quais du port de commerce aux terminaux de l’aéroport a été mise en service en décembre 2019. L’activité plaisance-yachting se porte bien malgré l’absence des yachts en provenance des États-Unis cette année.
Pour Jean-Marc Bérard, "la faiblesse de l’activité commerciale a libéré des places à quai pour l’accueil de grandes unités de plaisance". La métropole a lancé un appel d’offre pour assurer la navette maritime entre Nice et le port de Cap-d’Ail à Monaco. Il s’agit d’offrir une alternative pour les salariés français travaillant en Principauté. Une nouvelle activité qui devra se faire une place dans un port déjà bien encombré.
Au-delà, la CCI et la métropole planchent toujours sur une solution pour développer l’offre en transport maritime, notamment pour les marchandises face à des réseaux routier et ferroviaire obsolètes. Elles imposent un nouveau site car le port actuel ne peut être agrandi. Un projet hélas sans solution pour l’instant.

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