Après la grève, la SNCF essaie de tourner la page

Malgré la volonté de la CGT et de Sud-Rail de jouer les prolongations, le gouvernement et la SNCF veulent tourner la page de la grève des cheminots qui en était à son dernier jour jeudi 28 juin, alors que la réforme ferroviaire est parue au "Journal officiel".
"On a été au bout de cette réforme en étant fidèles aux grands principes qu'on avait annoncés : l'ouverture à la concurrence, la nouvelle organisation de la SNCF, la fin du recrutement au statut", s'est félicitée la ministre chargée des Transports, Élisabeth Borne, jeudi matin.
Guillaume Durand, responsable du secteur au cabinet de conseil Wavestone, note d'ailleurs que "le rythme de sortie de la réforme a été conforme au calendrier. Le gouvernement a réussi à tenir le cap qu'il s'était fixé". "Il y avait de grandes incertitudes au départ sur la perturbation des activités opérationnelles, et la SNCF a réussi à trouver un modus operandi pendant la grève pour maintenir un niveau de service acceptable. Le mouvement de grève s'est un peu délité, et le gouvernement est arrivé à ses fins", observe-t-il.
La SNCF a tenu bon, alors que l'annonce d'une longue grève par épisodes, deux jours sur cinq, avait fait craindre une désorganisation totale. "C'est terrible à dire, mais la boîte a mieux fonctionné que d'habitude", reconnaît un dirigeant de la société publique. "Il y a une très forte mobilisation, qui reste permanente, des équipes en place", souligne Mathias Vicherat, le directeur général adjoint de la SNCF. "On a très largement amélioré notre information voyageurs", relève-t-il, saluant aussi "une forme d'agilité très forte" car la compagnie a réussi à retravailler ses plans de transport au jour le jour, en fonction des besoins, du nombre de grévistes et de l'état du matériel disponible.

"On sent une entreprise éreintée"

Quant au bilan financier, "il est trop tôt pour pouvoir l'établir de manière précise", note Mathias Vicherat. "Il y a une partie subie, et il y a un coût qu'on assume, qui porte notamment sur tous les remboursements d'abonnements, sur les mesures commerciales, les petits prix, etc."  On parle pour l'instant d'environ 500 millions d'euros. "Le décompte va être encore plus douloureux", prédit Guillaume Durand. "Sur les vacances d'été, beaucoup de gens se sont détournés du train parce qu'ils n'avaient pas confiance ou pas de visibilité sur l'issue de la grève", et il faudra ajouter ce manque à gagner, selon lui.
Les estivants n'ont de fait pas beaucoup de visibilité, puisque la CGT et Sud-Rail appellent encore les cheminots à la grève, les 6 et 7 juillet, au début des vacances scolaires, et promettent d'autres journées d'action. La direction jure que "la très grande majorité des trains partira sans problème", et en particulier qu'elle fera tout pour "sanctuariser" les destinations privilégiées par les vacanciers.
Au-delà de la réforme ferroviaire - et de ce mouvement social -, "il y a encore beaucoup de travail", prévient Joël Hazan du cabinet d'études Boston Consulting Group (BCG). Si la réforme a pour but d'assurer la stabilité financière du système ferroviaire afin que la SNCF n'ait plus à s'endetter pour rénover le réseau, "les moyens qui vont concourir à la stabilité financière restent tous à exécuter", indique-t-il. "Consistance du réseau - sa taille -, maîtrise des investissements, règles d'emploi du personnel et efforts de productivité généraux : sur ces quatre sujets-là, la copie est encore quasiment blanche. Les éléments durs de performance économique sont encore devant nous", juge-t-il.
Dans l'immédiat, la branche du ferroviaire doit achever l'écriture de sa convention collective et la SNCF doit se réinventer un nouveau pacte d'entreprise, tenter de rendre ses métiers plus polyvalents et négocier le futur contrat de travail des nouvelles recrues qui ne seront plus embauchées au statut à partir de 2020. La reprise des discussions sera d'autant plus difficile que tous sont fatigués, aussi bien les grévistes que les partisans de la réforme qui ont mis les bouchées doubles pour faire circuler des trains. "La SNCF sort usée de ce long épisode de grève", constate Guillaume Durand chez Wavestone. "On sent une entreprise éreintée".

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