Au Havre, les manutentionnaires s’adaptent au dérèglement du transport maritime

Réactivité et fiabilité sociale, tel est le credo du Gemo, selon François Guérin, nouveau président du groupement des employeurs de main-d'œuvre du Havre (Gemo).
Au lendemain de la crise sanitaire qui a suivi la crise sociale, comment se porte la manutention havraise, qui emploie 2.400 salariés ?

L’année s’annonce bien, nous sommes, heureusement, en progression par rapport à 2020. Mais nous sommes surtout, à fin septembre, en progression de 2 % par rapport à 2019 avec 2,186 millions d'EVP traités. Nous devrions dépasser les 3 millions à la fin de l’année, ce qui représente un véritable rétablissement. Reste que la manutention travaille dans des conditions difficiles, en raison des perturbations impactant toute la chaîne d’approvisionnement maritime.

C’est comme en mécanique des fluides : le flux était laminaire, fluide, il est devenu turbulent du fait des à-coups engendrés par la crise sanitaire depuis début 2021, au travers des arrêts et redémarrages de la production, des navires et des lignes régulières. Du fait également d’un niveau important de la demande visant à reconstituer non seulement les stocks courants mais également les stocks de sécurité consommés au début de la crise.

Quelles sont les conséquences concrètes de ce dérèglement la chaîne logistique mondiale pour les opérateurs portuaires ?

Après le coup d’arrêt dans les schémas d’approvisionnement, lié à la crise sanitaire, le trafic maritime est reparti de façon hétérogène, avec des lignes qui ont du mal à rester régulières, et avec fréquemment des annulations d’escales, des arrivées non anticipées, des retards, des changements de destinations et de chargements avec des préavis très courts, des transports routiers sous tension, tout ceci conduisant à des terminaux saturés.

Nous faisons le maximum pour répondre présents face à cette situation inédite. La main-d'œuvre a joué le jeu sur nos terminaux en maximisant la disponibilité du personnel, en effectuant des heures supplémentaires et des shifts spéciaux, ou encore en réaménageant les congés si nécessaire pour fournir le maximum d’équipes possible.

Les aménagements que vous réclamez depuis des années vont bientôt se réaliser. Que reste-t-il à faire ?

Il s’agit de concrétiser au plus vite les chantiers engagés. Pour les deux futurs postes à quai 11 et 12, le mur de quai devrait être terminé mi-2022 et ouvrir sur la construction du terminal par l’opérateur, ce qui doit conduire à s’interroger et à engager la réflexion sur de futurs développements. Mais il faut surtout accélérer la réalisation de la chatière, qui a pris du retard en raison de la crise sanitaire, la phase d’enquête publique ne débutant que fin 2021. Elle permettra enfin à plus d’une centaine d’unités fluviales d’accéder directement à Port 2000 alors que moins de dix unités fluvio-maritimes en sont capables aujourd’hui.

Les modes massifiés sont une réponse au problème de l’évacuation des conteneurs et une alternative à la route qui ne pourra supporter seule les développements que nous ambitionnons. Sur le ferroviaire, saluons la mise en service au printemps dernier de la modernisation du tronçon fret Serqueux-Gisors qui permet d’augmenter les capacités de circulation, principalement pour accéder à Paris. Il est néanmoins urgent, compte-tenu de ce que nous savons des délais de réalisation de ce type de projet, de pousser dès maintenant le projet de contournement Nord de Paris, seul moyen pertinent à terme pour desservir le centre de l’Europe en train depuis le Havre.
Retrouver les trafics passe par le retour de la fiabilité sociale, malmenée fin 2019 et début 2020 par les mouvements sociaux liés à la réforme des retraites.

En effet, mais il faut raconter la suite de l’histoire, l’arrivée de la crise sanitaire et la mobilisation de notre branche qui a été l’une des premières à définir un protocole sanitaire permettant d’assurer la continuité de l’activité. Les ports ont ainsi continué à fonctionner au plus fort de la crise. Et pour redresser une situation très dégradée économiquement, une charte de relance en faveur des ports français a été signée en octobre 2020 sous la présidence des deux ministères de la Mer et des Transports par l’ensemble des acteurs des chaînes logistiques. Cette charte repose sur des engagements de fiabilité et de dialogue social entre l’Unim et la Fédération nationale des ports et docks CGT (FNPD-CGT).
 
Dans le même esprit, il faut noter, concernant les nouvelles activités générées au Havre par l’éolien en mer, la signature de deux chartes relatives à l’organisation des opérations de manutention, entre le Gemo, le syndicat, le port et les industriels, dans des conditions qui conviennent à chacun : les sociétés de manutention et les personnels pourront ainsi accéder à de nouveaux outils moyennant des programmes de formation ambitieux déjà en partie lancés et l’industriel pourra également compter sur l’engagement de fiabilité et de dialogue social inscrit dans ces chartes.

Le Gemo fait partie du Conseil de développement territorial du Havre. Quels sont les dossiers prioritaires que vous allez y défendre pour 2022, auprès des conseils de surveillance et d’orientation ?

L’accélération des travaux inscrits au projet stratégique, la réflexion que nous devons engager rapidement sur le "et après ?", le développement des modes massifiés, et en particulier le contournement nord de Paris, l’amélioration de la fluidité tous modes confondus, le verdissement des activités, le branchement électrique des navires à quai et la sécurisation de nos systèmes d’information.

Sur ces dossiers, nous travaillons avec l’Union maritime et portuaire du Havre, Seine Port Union, la Région Normandie et Haropa Port, avec l’objectif de créer un véritable esprit de concertation, à l’échelle du port et de l'axe Seine. C’est une condition nécessaire pour assurer le succès du nouvel ensemble.

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