
À Obernai, Brasseries Kronenbourg gère un réseau de 14 km de voies ferrées privées © Brasseries Kronenbourg
Filiale du groupe Carlsberg, quatrième brasseur mondial, Brasseries Kronenbourg démontre depuis un an que la pertinence du rail n’est pas toujours liée à la distance parcourue. Cas d’école du dernier débat organisé par le Propeller Club de Paris et le Cercle du conteneur, il fait intervenir un pré-acheminement multimodal fer-fleuve dans le cadre d’exportations vers le Moyen-Orient. Avec le concours de l’entreprise ferroviaire VFLI, filiale du groupe SNCF Geodis, et du Port autonome de Strasbourg, cette organisation innovante commence à l’usine d’Obernai. Une fois les conteneurs chargés, la navette ferroviaire d’une capacité de 30 EVP parcourt 36 km pour rejoindre Strasbourg à raison de trois à cinq rotations par semaine.
«Un trajet ferroviaire de 36 km»
Profitant de la densité des lignes fluviales du port alsacien, les conteneurs sont transbordés sur barges et remontent le Rhin jusqu’à Anvers ou Rotterdam avant un voyage maritime. Au cours de la première année, 109 navettes ferroviaires ont ainsi été expédiées, soit près de 3.300 EVP. «En comptant le positionnement des boîtes vides à l’usine, ce sont donc plus de 6.500 poids lourds retirés sur les routes», précise Marc Ruffenach, directeur logistique. Fort de cette expérience, Brasseries Kronenbourg anticipe cette année l’envoi de 2.400 EVP pleins supplémentaires à l’aide de ce schéma. Au-delà de ses qualités environnementales, celui-ci est économiquement viable par rapport à une organisation routière assure le responsable. Il est à l’origine d’une série d’avantages : «à l’usine, elle nous soustrait d’une asphyxie à laquelle conduirait des enlèvements 100 % routiers. Réelle alternative à la dépendance en carburant et à son évolution tarifaire, le transport multimodal nous libère du risque majeur de pénurie de camions durant la haute saison d’avril à août. Il permet aussi de mieux lisser les opérations de chargement et de déchargement».
Expérience solide
Brasseries Kronenbourg a une longue expérience des schémas multimodaux. Historiquement, l’approvisionnement de ses bouteilles en verre sur Obernai emprunte le ferroviaire depuis le site de production de son fournisseur OI basé à Gironcourt dans les Vosges. «Annuellement, nous réceptionnons 300 trains complets de 24 wagons». Disposant à son usine de 14 km de voies privatives, quatre quais de chargement fer couverts et deux raccordements au réseau national, le rail a également été privilégié depuis 2008 pour sa distribution nationale. En prévision de l’application de la taxe poids lourds et face à l’abandon du wagon isolé par la SNCF, le nouveau plan de transport s’appuie désormais sur quatre plates-formes régionales à Paris, Lyon, Bordeaux et Rennes. Externalisés auprès de Kuehne+Nagel, ces sites réceptionnent chaque année 520 trains complets, chaque rame ayant une capacité équivalent à 42 camions. Nouveauté enfin, l’industriel lance ces jours-ci un nouveau trafic ferroviaire avec le concours du loueur LPR. Utilisant les trains en provenance de Rennes, il vise à approvisionner l’usine d’Obernai en palettes bois locatives depuis la Bretagne.