Bruxelles exige de lourdes contreparties au sauvetage d’Air France-KLM

En réponse à la demande de la France de convertir en capitaux propres les trois milliards d’euros de prêt accordés l’an dernier à Air France-KLM, la Commission européenne exige d’importantes contreparties pour limiter l’impact de cette aide sur la concurrence.
Touchée de plein fouet par la crise sanitaire, Air France-KLM a bénéficié d'aides publiques substantielles : plus de 10 milliards d'euros, dont 7 milliards issus de prêts directs ou garantis par l'État français, actionnaire à 14,3 %. Le mercredi 3 février, Benjamin Smith, directeur général de la compagnie aérienne, a déclaré : "Nous ne comprendrions pas que l’on nous impose des mesures drastiques, qui affaibliraient notre position à Paris."

Alors que les perspectives de reprise restent encore éloignées, l’entreprise veut renforcer sa structure de bilan, avec le soutien de l'État français. La solution retenue consisterait à convertir "la dette liée au prêt d'actionnaire de 3 milliards d'euros en obligations hybrides" qui "sont considérées comme des capitaux propres et non comme de la dette".

Rétrocession de créneaux

Pour valider ce montage, la Commission européenne exigerait d'Air France qu'elle renonce à des créneaux d'atterrissage et de décollage à l'aéroport de Paris-Orly, très convoités car plafonnés dans une installation saturée. Une cession de créneaux qui pourrait entraver "la profonde transformation [de l'entreprise entamée] avant la crise et dont le court-courrier à Orly est la cheville ouvrière", selon le syndicat de pilotes SNPL.

La compagnie concurrente allemande Lufthansa s'était vue demander les mêmes contreparties à une recapitalisation l'année dernière, dans de grands aéroports d'outre-Rhin. "Nous veillerons à ce que les contreparties soient proportionnées. Francfort et Munich, par exemple, ne sont pas saturés. Roissy ne l'est pas non plus, excepté sur la haute saison. Or la Commission a justement demandé à Lufthansa des « slots » en période de pointe", a remarqué Benjamin Smith.

La Commission européenne a confirmé "être en contact avec les autorités françaises" au sujet du dossier Air France-KLM et a rappelé que "si les États membres avaient l'intention d'apporter une aide de recapitalisation d'un montant supérieur à 250 millions d'euros à une entreprise très puissante sur les marchés sur lesquelles elle opérait, ils devaient proposer des mesures supplémentaires pour préserver une concurrence efficace". Le ministère français de l'Économie s'est, pour sa part, refusé à tout commentaire.

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