CMA CGM met la main sur Gefco

CMA CGM a annoncé le rachat de près de 100 % de Gefco, ex-propriété de Stellantis et des Chemins de fer russes (RZD). Le groupe armatorial annonce déjà la future fusion du logisticien avec Ceva, qu'il a racheté en 2019.
L'appétit de transport vient en mangeant. L'intérêt des armateurs de premier plan mondial pour les organisateurs de transport se confirme de semaine en semaine. Gefco est ainsi devenu la propriété du numéro trois de la ligne maritime régulière, CMA CGM, après le désengagement de la compagnie ferroviaire nationale russe RZD, devenu un actionnaire embarrassant depuis l'invasion de l'Ukraine.

Le commissionnaire de transport et logisticien, ancienne filiale de PSA Peugeot-Citroën spécialisé dans le transport d'automobiles neuves, compte 11.500 salariés dans 47 pays, dont plus de 3.000 en France, pour un chiffre d'affaires de 4,2 milliards d'euros en 2021.

Un dossier politique

Cette acquisition "permet d'assurer la continuité et la pérennité des activités de Gefco", a souligné le groupe marseillais. "Au titre d'une procédure dérogatoire, la Commission européenne a autorisé CMA CGM à acquérir le capital de Gefco immédiatement, dans l'attente de l'approbation définitive qui interviendra dans les mois à venir", est-il précisé.

Les Chemins de fer russes, dont le PDG Oleg Belozerov est réputé proche de Vladimir Poutine, ont été placés sous sanctions internationales en raison du conflit en Ukraine. Le 1er avril, face à la pression, le directoire de Gefco avait annoncé qu'il rachetait les 75 % de ses parts que détenait RZD.

Les trois quarts de Gefco avaient été cédés par PSA aux chemins de fer russes fin 2012 pour 800 millions d'euros. Les 25 % restants appartenaient toujours à Stellantis, issu l'an dernier de la fusion de PSA et de Fiat-Chrysler.

Le gouvernement français, qui suit de près la transaction, avait alors souligné qu'il ne s'agissait que d'une "première étape". L'arrivée de nouveaux propriétaires était "indispensable pour protéger l'activité du groupe à court terme", selon le cabinet de la ministre de l'Industrie Agnès Pannier-Runacher.

"Les salariés de Gefco peuvent enfin souffler et avoir un avenir au sein de l'entreprise", a commenté vendredi 8 avril le syndicat FO-UNCP des anciens Groupages Express de Franche-Comté, à la suite de l'annonce du rachat.

Avec Ceva, le numéro mondial de la logistique automobile

Le PDG de CMA CGM Rodolphe Saadé s'est également félicité de cette acquisition, sans faire référence à l'ancien actionnaire russe, et sans évoquer la valeur du rachat. Le groupe marseillais compte intégrer "à terme" Gefco à Ceva. Cette fusion avec le commissionnaire de transport suisse racheté en 2019 est censé "créer le leader mondial de la logistique pour le secteur automobile".

"Grâce à Gefco, Ceva Logistics poursuivra sa croissance à travers le monde, et renforcera sa présence dans certains marchés clés, notamment en France et en Europe", a souligné le groupe armatorial français.

Avec cette transaction, CMA CGM n'en est pas à la première opération visant à renforcer Ceva. Avec le trésor de guerre accumulé ces derniers mois dans la ligne régulière, il s'est déjà offert en 2021 la filiale Commerce & Lifestyle Services (CLS) de l'américain Ingram Micro puis plus récemment Colis Privé. Des opérations visant toutes à étoffer le fonds de commerce de sa grande filiale.

L'actionnaire russe sanctionné

De son côté, le constructeur automobile a estimé que "la vente de cet actif, non stratégique, marque l’étape finale de notre plan de sortie, initié il y a dix ans, du secteur du transport et de la logistique", a déclaré le directeur général du groupe Carlos Tavares. "Stellantis s'appuiera désormais sur une chaîne d'approvisionnement mondiale et efficace avec plusieurs fournisseurs de logistique, parmi lesquels Gefco continue à jouer un rôle significatif", a-t-il ajouté.

Oleg Belozerov, coprésident du conseil de coopération des hommes d'affaires Russie-France, avait déjà cherché à réduire sa participation en 2017, puis à s'en séparer en 2021, après une entrée en Bourse avortée de Gefco. Mais cette séparation était devenue urgente depuis fin février, avec le début de la guerre en Ukraine.

"L'actionnaire majoritaire de Gefco (...) a été placé sous sanctions par les autorités américaines, européennes et britanniques", expliquait Gefco le 1er avril. "Toutes ces autorités s'accordent à dire que ces sanctions ne devraient pas avoir d'impact sur Gefco, qui est une société indépendante enregistrée en France".

"Malgré cette clarification, la conduite de nos affaires quotidiennes, avec nos clients et partenaires commerciaux du monde entier, est devenue extrêmement difficile en raison de la structure de notre actionnariat", soulignait le groupe la semaine dernière.

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