Céréales : 2013 démarre sous haute tension

L'année 2013 démarre sous haute tension sur le marché des céréales, entre des prévisions de stocks exceptionnellement basses et des aléas climatiques persistants qui pourraient endommager la nouvelle récolte.
"Compte tenu des stocks de départ historiquement bas, la sensibilité à la météo sera sans équivalent" cette année, prévient Michel Portier, directeur du cabinet de conseil Agritel. L'économiste Philippe Chalmin, professeur à l'Université Paris-Dauphine et à la tête de la société d'étude Cyclope spécialisée dans l'analyse des marchés mondiaux des matières premières, prévoit quant à lui "de très fortes tensions notamment pour le maïs et de bien difficiles fins de campagnes" sur les céréales en général.

Sécheresse historique

En 2012, la sécheresse historique qui a sévit aux États-Unis a largement endommagé les plantations et a pesé sur les récoltes, dont celles de maïs. Or, cette sécheresse, la pire depuis des décennies, perdure en ce début d'année et nourrit déjà les inquiétudes du marché concernant les blés d'hiver. L'état de développement des cultures n'a jamais été aussi "médiocre depuis 1995", affirme Hélène Morin, d'Agritel, même s'"il est beaucoup trop tôt pour tirer la sonnette d'alarme" et anticiper une nouvelle hausse des prix, nuance-t-elle. La situation est "rattrapable si on a un printemps idéal", confirme M. Portier. Mais pour l'heure, les modèles météorologiques font déjà état d'un "déficit hydrique aux États-Unis en 2013", prévient-il.
Sur la campagne 2012-2013, les disponibilités en blé à l'exportation sont inférieures de 20 millions de tonnes chez les huit principaux exportateurs par rapport à la campagne précédente, indique Agritel, pour qui "les disponibilités nord-américaines et indiennes ne suffiront pas".
En 2012, l'Inde a enregistré une récolte exceptionnelle de près de 94 Mt et devrait exporter 6 Mt au cours de la campagne, selon Agritel. Toutefois, pour Philippe Chalmin, "des exportations indiennes devraient sauver le marché au printemps 2013". Cyclope anticipe d'ailleurs une baisse des prix du blé à Chicago de 13 % en 2013, même s'"il faut anticiper encore une année de tension", ajoute la société dans ses prévisions 2013. De leur côté, la Russie et l'Ukraine, autres grands exportateurs, se sont déjà quasiment retirés du marché du blé, en conséquence de la sécheresse de 2012.
La situation est plus tendue encore sur le maïs, étant donné la faiblesse des stocks constitués aux États-Unis, premier producteur. Les stocks trimestriels ont plongé de 17 % au 1er décembre 2012 par rapport à 2011, selon le département américain de l'Agriculture (USDA). Et selon le dernier rapport de l'USDA sur l'offre et la demande mondiales, publié le 11 janvier, les stocks de maïs à la fin de la campagne en cours sont estimés à 15,30 Mt - un niveau critique parce qu'il représente à peine une vingtaine de jours de consommation, selon Hélène Morin. Toutefois en 2013, "des emblavements records (les surfaces ensemencées, NDLR) devraient ramener le marché à la raison", avance Cyclope, qui prévoit une baisse des prix de 23 % sur l'année. Mais "ce n'est pas parce qu'on plante beaucoup que forcément, on a une bonne récolte", prévient Alban de Rougé, analyste matières premières agricoles au sein de la société d'investissement Diapason. Outre la nécessité d'obtenir une production record lors de la prochaine récolte, les États-Unis vont devoir d'ici-là jouer sur la demande, avec comme marge de manœuvre une réduction des exportations ou encore de la consommation de maïs à destination de l'industrie du bioéthanol.

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