Comment le transport fluvial peut-il financer sa transition énergétique ?

Alors que de nouvelles motorisations se développent pour les bateaux fluviaux, qui peuvent aussi se tourner vers des énergies moins polluantes, la question du financement de la transition énergétique du secteur fluvial doit être abordée.
La transition énergétique du transport fluvial nécessite des solutions techniques. Elle doit aussi être financée, ce qui peut passer par de nouveaux modèles économiques. Ces questions ont fait l’objet d’une table ronde spécifique lors du colloque sur "Le Transport fluvial à l’heure de la transition énergétique", organisé à Paris le 29 mai 2019 par VNF, Haropa et le ministère de la Transition écologique. Des projets concrets de développement du transport fluvial ont ainsi pu être présentés. Aurélie Pavageau, directrice d’agence de Suez recyclage, a par exemple présenté la déchetterie fluviale mise en place à Lyon, avec la CNR, VNF et la CFT pour le poussage. Un projet de 2,4 millions d'euros, dont 1,6 million de subvention publique, en expérimentation depuis un an et demi. L’objectif affiché est d’ouvrir une seconde déchetterie flottante, toujours sur la Saône, avec en ligne de mire l’appel d’offres que lancera Lyon métropole à ce sujet. Et la perspective d’utiliser un pousseur électrique propulsé à l’hydrogène, la CFT travaillant sur le sujet.
Gilles Manuelle a détaillé son projet Fludis, consistant à faire naviguer sur la Seine un entrepôt flottant, pour la préparation de commandes à bord et la livraison dans Paris de petits colis en vélos cargo. Le bateau, dont la construction s’achève, doit naviguer à partir de septembre 2019 avec trois chargeurs remplissant sa cale dès le démarrage. Un investissement de 3,4 millions d'euros a été nécessaire pour ce projet, dont 2,4 millions pour le seul bateau, muni de deux propulseurs électriques et d’un parc conséquent de batterie, mais qui est aussi équipé d’un groupe électrogène. La somme a été difficile à réunir, avec une incertitude sur l’utilisation du bateau en cas d’échec, et un retour sur investissement forcément long. "C’est un projet crédible, avec un engagement des chargeurs, et qui ne demande pas de financer l’innovation mais son déploiement", souligne pourtant Gautier Chatelus, directeur infrastructure et transport de la Banque des territoires, filiale de la Caisse des dépôts, qui participe au financement. "Nous privilégions la longue durée justement pour pouvoir investir davantage et rentabiliser sur le long terme. Nous finançons les projets importants en investissant au capital de la société, avec un remboursement possible en dividendes ou en intérêts".

"Les chargeurs ne paieront pas"

La question de l’investissement nécessaire pour renouveler la flotte et la rendre plus efficace du point de vue environnemental a aussi été abordée, avec le témoignage de Jimmy Humbert, marinier et gérant de Trans Fluvial Négoce, qui a investi 2 millions d'euros pour passer d’un Freycinet âgé de 70 ans, le "Black Pearl", à un bateau de seulement (!) 24 ans et surtout plus grand : 2.300 tonnes. "Nous sommes poussés à investir pour les marchés potentiels des chantiers du Grand Paris, indique-t-il. On nous vend un nouveau moteur pour les économies de carburant, mais qui peut se permettre d’investir dans l’écologie ? Les chargeurs ne paieront pas. Donc à moins qu’une nouvelle norme l’exige, la motorisation reste classique".

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