
Remise du rapport de la commission Mobilité 21 par Philippe Duron à Frédéric Cuvillier © E.D.
Source de mécontentements indissociables à ce genre d'exercice, la hiérarchie et le phasage dans le temps des projets d'infrastructures de la commission Mobilité 21 ont deux mérites toutefois : être cohérentes avec le calendrier européen RTE-T qui prévoit l'achèvement d'un réseau central d'ici 2030 et d'un réseau secondaire d'ici à 2050 et tenter de répondre à l'intérêt général dans un contexte budgétaire tendu. Une fois n'est pas coutume, cet intérêt général reconnaît au transport de marchandises sa juste place à travers trois priorités : l'amélioration des dessertes portuaires, le traitement des points noirs sur le réseau ferroviaire, et l'intensification de la régénération des réseaux routier, ferroviaire et fluvial existants.
" Tronçon ferré Gisors-Serqueux et axe routier Fos-Salon en tête des priorités"
Au titre de la première apparaissent l'électrification du tronçon ferré Gisors-Serqueux pour 240 millions d'euros, et l'aménagement de l'axe routier entre Fos-sur-Mer et Salon-de-Provence pour un coût de 240 à 330 millions d'euros. Au titre de la première, qui profite à tous les usages ferroviaires, figurent les nœuds lyonnais (entre 1 et 1,15 milliard), marseillais (2,5 milliards), et l'axe Paris-Normandie (3 à 3,5 milliards). Avec d'autres grands projets comme l'aménagement de la Route Centre Europe Atlantique (RCEA), ce premier scénario prévoit un investissement de 9 à 10,6 milliards d'euros d'ici à 2030. S'y ajouteraient 20 à 30 milliards consacrés à l'entretien et à la modernisation des réseaux existants.
Second scénario plus coûteux et plus routier
Avec une ressource de 2,26 milliards d'euros à partir de 2017 et jusqu'en 2030, le budget de l'Agence de financement des infrastructures de transport de France (Afitf) couvrirait ces investissements. Le "Rapport Duron" développe néanmoins une seconde hypothèse sur la base d'une augmentation du budget de l'Afitf de 400 millions d'euros par an. Régénération des réseaux existants compris, elle permettrait de libérer une capacité d'investissement de 28 à 30 milliards jusqu'en 2030. Cette somme serait consacrée à accélérer les travaux sur les "bouchons" ferroviaires et, surtout, à lancer une série d'aménagements routiers.
Pour les deux scénarii, le rapport propose ensuite des aménagements sur les périodes 2030-2050, et au-delà de 2050. Tout conservant les priorités fixées, la première comprend plusieurs projets de LGV, routiers et la mise à grand gabarit de la Seine-Amont entre Bray et Nogent-sur-Seine. Au-delà de 2050 figure notamment le projet Saône-Moselle/Saône-Rhin pour 15 à 17 milliards d'euros.
Quid des autres projets portuaires ?
Cette hiérarchisation exclut plusieurs grands projets d'infrastructures portuaires et de dessertes des ports. Ces derniers ont volontairement été retirés au motif qu'ils "relèvent de contrats de progrès État-Région (CPER), de l'Engagement national pour le fret ferroviaire (ENFF) ou des programmes de modernisation des itinéraires routiers (PDMI)", explique Philippe Duron. Nouveau terminal à conteneurs et vrac à Dunkerque, prolongement du grand canal havrais jusqu'au canal de Tancarville, troisième phase de Port 2000, plate-forme multimodale d'Achères ou encore Fos 3XL et 4XL renvoient ainsi aux CPER. Au titre de l'ENFF apparaissent les aménagements à la mise en œuvre de trains longs avec les ports ainsi que les autoroutes ferroviaires et le projet Eurocarex. De la même façon, les projets ayant fait l'objet d'une annonce spécifique comme le canal Seine-Nord Europe, ou d'un Traité international comme la liaison Lyon-Turin sont également sortis du périmètre du rapport. Ses suites seront connues le 9 juillet lors de la présentation par Jean-Marc Ayrault des investissements d'avenir pour la France dont un volet est consacré aux infrastructures de transport.