Concessions aéroportuaires : opérateurs et investisseurs aux aguets

Opérateurs aéroportuaires et groupes d'investissements sont aux aguets : les français Groupe ADP et Vinci Airports en tête, ils traquent dans le monde entier les opportunités de concessions, tirant parti d'une tendance à la privatisation des aéroports et d'un trafic qui s'envole.
"Le mouvement de fond c'est que les États se retirent de la gestion des aéroports pour les confier à des industriels", commente Bertrand Mouly-Aigrot, expert en aéronautique au cabinet Archery Strategy Consulting. Les raisons sont multiples mais principalement liées à un besoin de liquidités des États et aux investissements faramineux requis pour développer des plateformes dans les pays émergents ou les rénover dans les pays matures. Pour avoir une plus grande force de frappe, les candidats aux appels d'offres se présentent en consortium proposant d'allier le savoir-faire d'un opérateur aéroportuaire aux capacités financières d'un fonds d'investissement, emmenant avec eux, selon les cas, un groupe de construction.

"Le terrain de chasse est mondial"

"C'est une activité rentable mais il faut avoir les reins solides et avoir une stratégie de portefeuille", explique le PDG de Groupe ADP, qui gère directement ou indirectement 26 aéroports dans le monde, Augustin de Romanet. Le patron d'ADP cite les chiffres vertigineux de la croissance mondiale du trafic aérien qui devrait tripler au Moyen-Orient, en Afrique et en Asie Pacifique d'ici 2035 et doubler en Europe et aux États-Unis. Le "terrain de chasse est mondial", poursuit-il mais le risque numéro un est un effondrement brutal du trafic.
Si le pays "connaît une crise économique, une flambée terroriste ou un événement climatique comme une éruption volcanique par exemple, le modèle économique peut être bouleversé". En Tunisie par exemple, dont les aéroports d'Enfidha-Hammamet et de Monastir font partie du portefeuille de Groupe ADP à travers sa participation majoritaire au sein du groupe turc Tav Airports, le trafic a chuté de moitié à la suite des attentats en 2015 ayant visé des touristes à Tunis et près de Sousse. Mais dans le même temps les aéroports de Tbilissi et Batoumi en Géorgie ont vu leur trafic bondir de 35 %.
Dans un marché de plus en plus concurrentiel, il s'agit pour les acteurs du secteur d'être à l'affût pour anticiper le basculement vers la privatisation et nouer une relation de confiance avec les gouvernements. "Il y a un rapport de confiance très fort pour qu'ils nous permettent de gérer pendant des décennies leurs actifs stratégiques comme leurs aéroports" souvent situés dans des capitales, centres névralgiques du pays, souligne Nicolas Notebaert, président de Vinci Airports et directeur général de Vinci Concessions, dont le groupe a des contrats de concessions de 44 ans au Japon.
Pour Augustin de Romanet, la tendance à la privatisation est très nette en Europe et en Amérique latine et "on sent que le mouvement va démarrer aux États-Unis". Le groupe a ouvert un bureau à New York mais aussi à Hong Kong.
Groupe ADP et Vinci Airports figurent parmi les leaders du secteur de la gestion aéroportuaire aux côtés de l'espagnol Aena et de l'allemand Fraport. Dernière acquisition en date pour Groupe ADP : le contrôle exclusif d'AIG, concessionnaire de l'aéroport Queen Alia d'Amman en Jordanie. Vinci Airports vient de son côté de signer un accord pour la concession de l'aéroport de Belgrade pour 25 ans.
La branche aéroports de Vinci concessions a démarré son activité en 1995 au Cambodge avant de racheter en 2013 les dix aéroports du Portugal, frappé par la crise de la dette. C'est cette acquisition qui l'a fait changer de dimension. En 2017, la croissance du trafic au Cambodge a atteint, selon l'opérateur, près de 30 % notamment sur Phnom Penh et les temples d'Angkor (aéroport de Siem Reap-Angkor) où déferlent les touristes chinois et coréens. Au Portugal, où le tourisme européen tourne à plein régime, elle a été supérieure à 15 %.
En France, l'État a cédé en 2016 à des consortiums les 60 % de capital qu'il détenait au sein des aéroports de Nice et de Lyon et en 2015, ses 49,99 % du capital de l'aéroport de Toulouse. Une possible privatisation de Groupe ADP, dont l'État détient 50,6 % est également évoquée.

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