Coronavirus : le fret maritime et routier freiné lui aussi


Si les conséquences de l'épidémie de Covid-19 sur le transport de personnes sont évidentes, le transport de marchandises est lui aussi lourdement perturbé depuis des semaines et ses acteurs demandent des mesures fortes à l'échelle nationale et internationale.


"Le fret subit les conséquences de la même manière que le transport de passagers" © Alplev
"Le fret subit les conséquences de la même manière que le transport de passagers" © Alplev
Il se sent "comme un boxeur tout seul sur le ring, avec 50 adversaires" : Patrick Mortigliengo, transporteur près de Nice, subit de plein fouet les mesures imposées par l'Italie voisine pour tenter d'endiguer la pandémie de coronavirus. "Ces mesures sont prises à juste titre, ce n'est pas une critique ! Mais, pour nous, ça devient dramatique".
Son entreprise de 49 salariés, basée à Carros, travaille avec le pays voisin "depuis 45 ans". "Je n'ai jamais connu, ni même imaginé une situation comme celle-là !" Il y a les stations-service fermées, mais aussi l'activité des entreprises clientes perturbées par le confinement de la population italienne : "Si vous avez 25 tonnes de sables à charger et qu'il n'y a personne pour le faire..." S'il est trop tôt pour chiffrer l'impact de la crise, il en appelle à "la solidarité européenne".
"Il va falloir une vraie relance", observe aussi le délégué général de l'Union TLF, Alexis Degouy. "Le choc a vraiment été trop violent" pour se contenter des mesures déjà annoncées par les autorités françaises, comme le report de charges ou le recours au chômage partiel.
"Tous les secteurs souffrent énormément", pointe Florence Berthelot, déléguée générale de la Fédération nationale des transporteurs routiers (FNTR). Dans celui du transport routier, "quelques entreprises sont très sollicitées pour livrer la grande distribution". Cette dernière a promis qu'il n'y "aura pas de pénurie dans les magasins", mais encore faut-il que les transporteurs routiers puissent assurer leur approvisionnement !

"Pour les ports, les crises s'accumulent et ne s'annulent pas"

"Les autres commencent à pâtir d'un très fort ralentissement, y compris avec des clients qui suspendent leurs commandes", poursuit Florence Berthelot. Avec un problème spécifique : "le temps de service pour les conducteurs se calcule différemment du temps de travail que tout le monde connaît, et cela ne permet pas d'avoir accès au dispositif général de chômage partiel" proposé par le gouvernement. Patrick Mortigliengo demande "plus de souplesse" dans le contrôle des heures de travail des chauffeurs.
"Pour le maritime, les crises s'accumulent et ne s'annulent pas", note Alexis Degouy. "Moins de deux mois avant la réunion de jeudi, on était quasiment dans la même salle pour parler de l'impact de la grève contre la réforme des retraites et du blocage des ports... C'est un peu comme les répliques d'un tremblement de terre sur un édifice déjà fragilisé".
Au port de Marseille-Fos, on temporise : "Le trafic pour février est en croissance. Il faut tenir compte du transit-time". Mais "les conséquences du Covid-19 commenceront à se voir sur le trafic de mars". "On n'est qu'au début de la crise", confirme Jean-Marc Roué, président d'Armateurs de France. "Les volumes d'échanges et d'affaires sont extrêmement dégradés, notamment avec la Chine dont plusieurs provinces ont arrêté leur production. Elles ne produisent plus les produits manufacturés, et ne demandent pas de matières premières", note-t-il.
Or, le pays représente à lui seul "environ 35 % des importations de vrac sec par voie maritime dans le monde", rappelait fin février l'analyste Lars Bastian Østereng, d'Arctic Securities.
Cela tombe d'autant plus mal, souligne Jean-Marc Roué, qu'une nouvelle réglementation internationale a entraîné l'utilisation depuis janvier d'un fuel peu soufré, moins polluant mais "plus cher". "On va avoir des problèmes de trésorerie qui peuvent devenir un problème de survie économique", avertit-il, attentif à "l'attitude des États et des banques" face à la crise.
Enfin le secteur aérien a subi un choc "violentissime", selon l'expression d'Alexis Degouy, avec les restrictions de vol et la décision du président américain de suspendre tous les vols d'Europe vers les États-Unis. "Le fret subit les conséquences de la même manière que le transport de passagers", note-t-il.
Or, le secteur avait déjà connu en 2019 sa plus faible performance depuis dix ans, avec une chute de 3,3 %. Le motif invoqué par l'Association internationale du transport aérien (Iata) en l'annonçant début février était la guerre commerciale entre Pékin et Washington.

Corentin Dautreppe

Vendredi 13 Mars 2020



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