Desserte maritime corse : "Une nouvelle page est en train de s’ouvrir"

Économiste des transports, Patrice Salini suit et analyse la continuité territoriale maritime corse depuis de nombreuses années. Saluant les démarches actuelles visant à bâtir un nouveau modèle, il en souligne aussi les fragilités.
Pourquoi la démarche en cours sur la continuité territoriale maritime corse est-elle originale ?
Patrice Salini (PS) : Il est clair que le moment est historique. La Corse peut enfin se débarrasser de ce qui fût une histoire tumultueuse, agitée et coûteuse de la continuité territoriale. Agitée parce que juridiquement contestée et conflictuelle. Alors oui, après avoir stabilisé la situation, la collectivité peut repartir dans une logique claire et saine. Ce qui ne préjuge en rien du contenu du service public éventuel, mais implique rigueur, non-discrimination et cohérence.
Quelle forme prend ce nouveau cadre ?
PS : L’Office des Transports a lancé deux tests de marché répondant aux principes découlant du droit européen. Ces tests de marché consistent à vérifier que l’initiative privée n’est pas en mesure de satisfaire un besoin de transport, et qu’il y a donc une carence. À partir de là devront être définis les cadres éventuels dans lesquels la desserte corse sera organisée à partir de 2019. Un débat subsiste cependant sur la définition du besoin de service public. La démarche retenue est à mon sens à la fois fragile et contestable, et pèche par son manque de pluralisme.

Quels sont ces deux tests de marché ?
PS : Ils sont d’importance inégale. Le premier concerne ce qu’on appelait naguère la continuité territoriale avec le continent français. Le second traite de la liaison Corse-Sardaigne.

En quoi la démarche est-elle à la fois "fragile et contestable" ?
PS : Pour la desserte du continent français, il y a à mon sens quelques erreurs préjudiciables dans le document de l’Office des Transports autour des capacités ou les tarifs qui sont des maxima et non ceux du marché. Il propose une analyse du besoin de service que j’estime non conforme. Sachant que l’objectif du test est d’estimer s’il existe un besoin dans des conditions normales de marché, il est inadéquat de l’estimer en calculant la différence entre les flux de passagers et de fret effectivement constatés et l’offre capacitaire théorique des compagnies hors DSP. L’absence d’offre étant consécutive aux DSP, le "besoin" est la conséquence de celles-ci et non des conditions normales de marché. L’analyse des réponses sera éclairante.

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