En Alsace, les promesses de l’hydrogène

La région Grand-Est réunit de nombreux projets autour de la source énergétique du futur, pour sa production comme son usage, et à partir de ressources non fossiles. Les zones portuaires constituent des lieux d’accueil potentiels pour l'hydrogène.
L’Alsace deviendra-t-elle une terre bénie de l’hydrogène ? Elle regorge en tout cas de projets, qui présentent l’intérêt d’émaner des différents maillons de la filière : producteurs, transporteurs et utilisateurs. Cette diversité et cette complémentarité ont été dévoilées par le "Sommet H2 Sud Rhin sup’" qui a été organisé ce mois de novembre à Biesheim (Haut-Rhin) par la Collectivité européenne d’Alsace, à l’initiative du député haut-rhinois Yves Hemedinger.

Les zones portuaires prendront pleinement leur part dans ce développement s’il se confirme. Sur celle d’Ottmarsheim, relevant des Ports de Mulhouse-Rhin, Butachimie, une joint-venture de BASF et Invista pour la production de matières intermédiaires du Nylon, arrive au stade du renouvellement de son unité d’hydrogène datant de 1995 et alimentée par du gaz naturel.

Sa remplaçante sera plus "verte" et pourrait porter sur une puissance de 100 mégawatts (MW) à délivrer en continu toute l’année. "Nous attendrons 2024 pour définir notre stratégie en vue d’une construction de 2027 à 2030, afin de ne pas se fermer la porte à de possibles sauts technologiques d’ici là", a exposé Freddy Mencarelli, directeur industriel de Butachimie.

La puissance installée pourrait augmenter, si la nouvelle unité servait aussi à un voisin : le producteur d’engrais Borealis, l’un des principaux chargeurs fluviaux à Ottmarsheim. En association avec Hynamics une filiale d’EDF, il porte le dossier d’un électrolyseur de 30 MW (pour commencer) d’hydrogène vert pour une partie – de l’ordre de 10 % - de sa fabrication d’ammoniac, à une échéance non encore fixée.

Projet post-Fessenheim

Au titre de la production, les regards se tournent vers la zone du port de Colmar-Neuf-Brisach. Elle pourrait accueillir, ou avoisiner, le français H2V. Cette filiale du groupe Samfi Invest a présenté au Sommet le projet, encore conditionnel à plusieurs égards (foncier, financement de l’investissement de 230 à 250 millions d’euros…) d’une unité de 200 MW à partir de l’électrolyse de l’eau, qui contribuerait à la reconversion économique du territoire de la centrale nucléaire de Fessenheim.

Le dimensionnement et le profil sont similaires aux projets de Port-Jérôme en Normandie et de Fos-sur-Mer, indique-t-elle. Pour les débouchés des 28.000 tonnes annuels visés en Alsace à partir de 2026, l’industrie et la "mobilité lourde" sont privilégiés, explique Yannick Bonin, directeur du développement d'H2V Industry : "Le projet se situe au nœud de deux corridors européens (Atlantique et Mer du Nord-Méditerranée) et une tranche de 100 MW peut à elle seule pourvoir à la conversion à l’hydrogène de 4,3 % des 26.900 poids lourds immatriculés dans la région".

L'atout franco-allemand

Le dossier quant à lui déjà bien en route d’électrolyseur émane du belge John Cockerill à Aspach-le-Haut (Haut-Rhin) pour 200 MW attendus en mai 2023. La région a également tout intérêt à capitaliser sa position frontalière : de l’autre côté du Rhin en Allemagne, des projets d’usage émergent dans des dimensions telles qu’ils ont besoin de trouver leurs sources d’approvisionnement au-delà de la rive germanique du fleuve. Or, l’interconnexion par-dessus le Rhin figure parmi les objectifs à moyen terme du transporteur GRTgaz.

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