En Chine, le secteur manufacturier décroche

L'activité manufacturière en Chine - pilier traditionnel de sa croissance - s'est violemment contractée en août, confirmant l'essoufflement persistant de la deuxième économie mondiale en dépit des efforts de relance des autorités et attisant à nouveau la nervosité des marchés financiers.
En Chine, l'indice PMI des directeurs d'achat s'est établi à 49,7 en août, contre 50 en juillet, selon le chiffre officiel dévoilé mardi 1er septembre par le Bureau national des statistiques (BNS), au plus bas depuis août 2012. Un chiffre supérieur à 50 marque une expansion de l'activité manufacturière, tandis qu'un indice inférieur à ce seuil signale une contraction. Mais un indicateur PMI calculé indépendamment par le cabinet Markit et publié mardi par le groupe de presse Caixin, dressait un tableau encore plus sombre : il est tombé à 47,3 pour août, contre 47,8 en juillet. C'est un peu mieux que l'indice provisoire de 47,1 publié précédemment, mais cela reste son plus faible niveau depuis mars 2009.

Recul des commandes

De quoi aviver les craintes de voir caler, avec le ralentissement de l'économie chinoise, l'un des moteurs de la croissance mondiale. Dans le sillage de ces statistiques moroses, les Bourses asiatiques et européennes ont plongé de concert : Tokyo a clôturé en repli de quasiment 4 %, tandis que Paris et Francfort lâchaient 3 % dès les premiers échanges.
Dans le détail, rien n'invitait à l'optimisme : "La contraction de l'activité s'explique par le recul de la production, et par celui des nouvelles commandes... qui ont diminué pour le second mois d'affilée", résumaient des experts de la banque Nomura. Les carnets de commandes se vident, "ce qui a entraîné en août une nouvelle réduction de la production, d'une ampleur plus vue depuis quatre ans", renchérissaient les experts du cabinet Caixin Insight. Parallèlement, les entreprises manufacturières "ont sabré dans leurs effectifs pour le 22e mois consécutif, et le rythme de suppression des emplois s'est accéléré", ont-ils noté.
La croissance économique chinoise s'est stabilisée à 7 % au deuxième trimestre, mais depuis le tableau n'a cessé de s'assombrir. Les exportations du pays se sont effondrées de quelque 8 % sur un an en juillet, tandis que la production industrielle enregistrait un violent ralentissement. La consommation reste terne, et la récente débâcle boursière contribue à plomber le moral des ménages. Sur la période janvier-juillet, "la production industrielle n'a crû que de 6,3 % sur un an, contre + 8,3 % en 2014", tandis que la progression des investissements tombait à 11,2 %, contre presque 16 % l'an dernier, rappelaient les experts de la banque ANZ. Dans ces conditions, "la croissance du PIB pourrait bien tomber sous 6,5 % au troisième trimestre", estimaient-ils. Très en deçà de l'objectif annuel de 7 % que s'est fixé Pékin, ce qui représenterait déjà un plus bas depuis un quart de siècle. "La récente volatilité des marchés financiers pourrait peser sur l'économie réelle, et on pourrait voir des prévisions très pessimistes devenir auto-réalisatrices", prévenait de son côté He Fan, économiste de Caixin Insight.

Relance budgétaire ?

Pour autant, "la faiblesse de l'activité manufacturière reflète des facteurs temporaires, comme les restrictions imposées avant le défilé militaire à Pékin", tempérait Julian Evans-Pritchard, du cabinet Capital Economics. Les autorités ont ainsi mis à l'arrêt dès mi-août de nombreuses usines à Pékin et dans ses environs pour garantir un ciel bleu sans pollution avant une vaste parade militaire programmée le 3 septembre pour commémorer la défaite du Japon en 1945. Le BNS a reconnu que les "mesures de contrôle de la pollution" à Pékin, Tianjin et dans la province du Hebei avaient pénalisé le PMI. De l'avis général cependant, après une nouvelle baisse des taux d'intérêt de la banque centrale chinoise (PBOC) la semaine dernière, le gouvernement est condamné à agir davantage. La PBOC a injecté plusieurs centaines de milliards de yuans de liquidités fraîches dans le système financier ces deux dernières semaines via des opérations de marché régulières. "Mais tout cela restera insuffisant à doper la croissance à moyen terme. Il faudra des mesures actives de relance budgétaire pour soutenir la demande", estimait-on chez ANZ - ce qui pourrait se traduire par des rabais fiscaux et des dépenses publiques accrues. "Nous pensons que la politique budgétaire jouera un rôle-clé", le gouvernement s'étant lui-même engagé à "accélérer sur la construction de projets d'infrastructures majeurs", abondait Yang Zhao, analyste de Nomura.

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