Esso met en garde contre des "restructurations majeures" dans le raffinage en Europe. "Notre industrie pétrochimique est en grave danger. On s'attend à des restructurations majeures", a prévenu le PDG d'Esso SAF, Francis Duseux. Les raffineries européennes souffrent d'une demande de carburants en baisse, d'une compétitivité érodée et d'une concurrence internationale accrue, provenant des États-Unis, d'Asie et du Moyen-Orient, a-t-il expliqué. Conséquence, les marges de raffinage se sont effondrées l'an dernier à 18 euros la tonne. "Les trois premiers mois de l'année 2014 ne sont pas encourageants, c'est encore pire", a dit Francis Duseux.
"Fos-sur-Mer reste un petit bijou extrêmement flexible"
Selon lui, "on peut s'attendre à une restructuration en Italie", où les capacités de raffinage dépassent largement les besoins. Quant aux installations d'Esso à Fos-sur-Mer, une des deux raffineries du groupe en France, "on y a dépensé beaucoup de temps et d'argent, on compte bien y rester un moment", a-t-il précisé. "Fos-sur-Mer reste un petit bijou extrêmement flexible qui peut distiller des bruts pas chers".
Le dirigeant a en revanche réclamé une fiscalité plus avantageuse en France, qu'il juge actuellement pénalisante pour l'activité économique. "Quand un grand groupe international a le choix d'investir en Europe, il va forcément regarder les taux d'imposition et de prélèvement et fait un calcul de cash flow (flux de trésorerie, NDLR) qu'il en attend. Je peux vous dire que quand on fait ce calcul-là, il ne faut pas investir en France", a-t-il dit. "La France n'est absolument pas attractive !", a-t-il déploré.
Dans le rouge en 2013
Plombé par la mauvaise performance du raffinage, Esso est tombé dans le rouge en 2013 avec une perte de 123 millions d'euros et a renoncé à verser un dividende pour l'exercice écoulé. Par ailleurs, Esso compte poursuivre sa stratégie de cession de stations-service à des revendeurs indépendants, après la vente l'an dernier de 44 d'entre elles à l'israélien Delek, a indiqué Francis Duseux. "Le concept de revendre la marque, il est là, il ne change pas", a-t-il dit. "On est fortement engagé dans ce processus et on va déboucher assez rapidement". Ces stations-services continueront de s'approvisionner auprès d'Esso et d'opérer sous sa marque, qui compte au total environ 700 points de vente.