Ethiopian Airlines se maintient à flot

Malgré des pertes de plus d'un milliard de dollars de recettes en raison de la pandémie de Covid-19, la compagnie aérienne Ethiopian Airlines s'en est plutôt bien sortie en développant son activité fret aérien.
Dès le mois de mars, la première compagnie du continent africain s'est adaptée pour répondre à une demande en forte hausse sur le fret aérien, lui permettant d'amortir le choc de la pandémie, qui a vu le trafic passager chuter de 90 % dans le monde. "Nous avons été très rapides, très flexibles et agiles pour déplacer nos forces et nos ressources sur le fret", se félicite le PDG de la compagnie Tewolde Gebremariam qui rappelle qu'en temps normal, une bonne partie du fret aérien est assuré par les vols commerciaux.
"Je dirais que ces interventions ont sauvé la compagnie", ajoute celui qui dirige le groupe depuis près de dix ans. Pour ce faire, Ethiopian a fait preuve d'inventivité : en plus de transformer 25 appareils en avions cargo, les vidant de leurs sièges, elle a mobilisé 20 autres appareils dont elle a gardé les sièges, utilisant les ceintures pour sécuriser les colis.
De sources diplomatiques, le Premier ministre Abiy Ahmed n'a pas hésité non plus à promouvoir les services de fret de la compagnie nationale lors de ses entretiens téléphoniques avec des dirigeants étrangers. "Ethiopian a pu réagir avec plus d'agilité que d'autres compagnies car elle a toujours été gérée comme un business. L’État joue un rôle significatif mais il y a très peu d'interférences étatiques dans la manière dont la société est gérée", décrypte Chiedza Madzima, responsable des risques opérationnels pour le cabinet d'études Fitch Solutions. Un profit non négligeable

Ethiopian a également bénéficié de la décision des Nations unies en avril d'ouvrir un hub humanitaire à Addis Abeba. À ce jour, celle-ci a opéré 360 vols cargo transportant des équipements de protection contre la Covid-19 dans plus de 80 pays, selon son PDG. L’activité fret devrait rester soutenue, car "les vols commerciaux que nous utilisions pour transporter des marchandises dans les soutes ne sont pas en service actuellement".
La compagnie prévoit aussi de mettre "au moins 40 appareils" à disposition pour distribuer le vaccin contre la Covid-19 dans le monde entier, quand celui-ci sera prêt. Jusqu'à présent, l'opérateur éthiopien n'a pas demandé à être renfloué, n'a pas licencié de personnel engagé à plein temps et n'a pas non plus sollicité de report de paiement de ses créances, insiste Tewolde Gebremariam. La compagnie a déjà annoncé un "profit" de 44 millions de dollars pour le premier semestre 2020, sans toutefois donner plus de précisions, les comptes n'ayant pas encore été audités. Le lent redressement du trafic passager – le nombre total de vols correspond actuellement à 50 % des niveaux de 2019 – signifie que la compagnie demeure en "mode survie", selon son numéro un.

Fournir une expertise

Ethiopian étudie même la possibilité de renforcer ses liens avec d'autres compagnies africaines, notamment la moribonde South African Airways (SAA). "C'est une période opportune pour soutenir d'autres compagnies dans le sens où nous sommes en meilleure position", explique diplomatiquement le PDG. "Certains d'entre nous vont survivre, pour d'autres ce ne sera pas forcément le cas. Certains auront besoin d'aides étatiques, si elles sont disponibles. D'autres devront peut-être se restructurer ou réduire la voilure", ajoute-t-il.
Ethiopian participe donc aux discussions sur l'avenir de la compagnie sud-africaine, qui survit depuis des années grâce aux aides de l’État. "Nous leur avons dit que nous pouvions fournir une expertise de gestion technique sur la flotte et que nous pouvions travailler sur une collaboration commerciale pour redémarrer South African Airways". Ethiopian détient déjà des parts dans Malawian Airlines et dans ASKY Airlines, une compagnie régionale qui dessert principalement l'Afrique de l'ouest et centrale.
Elle possède également 45 % de la nouvelle Zambia Airways qui, selon Tewolde Gebremariam, devrait être lancée "soit en octobre, soit en novembre". Actuellement, les compagnies africaines n'assurent que 20 % des vols à destination ou au départ de l'Afrique, déplore le PDG. "Nous avons pour objectif d'inverser cette part de marché, à savoir que les compagnies aériennes africaines (...) devraient prendre au moins 50 %" du marché, ambitionne le dirigeant.

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