FS, Atlantia et Delta vont tenter de sauver Alitalia

Ce sauvetage sera-t-il le bon ? La société italienne des chemins de fer FS, le groupe Atlantia, qui appartient à la famille Benetton, et la compagnie américaine Delta entendent reprendre ensemble la compagnie aérienne Alitalia, en grande difficulté depuis de nombreuses années.
Fragilisée par la concurrence des compagnies low-cost, Alitalia a multiplié les pertes ces dernières années et a dû être placée sous tutelle en 2017, après le rejet par les salariés d'un plan de restructuration prévoyant 1.700 suppressions d'emplois.
Ferrovie dello Stato (FS) avait déposé fin octobre une offre de reprise, mais avait précisé chercher des partenaires. La société publique a obtenu depuis plusieurs délais pour boucler son tour de table. Delta Air Lines et le ministère de l'Économie étaient déjà depuis plusieurs mois identifiés comme de futurs partenaires. Mais FS cherchait un quatrième associé solide.
Quatre investisseurs avaient présenté dimanche 14 juillet une manifestation d'intérêt auprès de la banque conseillère Mediobanca : Atlantia, le groupe italien Toto, le patron du club de football de la Lazio de Rome, Claudio Lotito, qui gère aussi diverses sociétés de nettoyage, et l'entrepreneur brésilien German Efromovich, actionnaire majoritaire de la compagnie aérienne nationale colombienne, Avianca.
"Le conseil d'administration des Ferrovie dello Stato Italiane, une fois évaluées les confirmations d'intérêt parvenues, a choisi Atlantia comme partenaire pour accompagner Delta Air Lines et le ministère de l'Économie et des Finances", a expliqué FS. Aucun détail n'a été donné sur la répartition du capital, mais selon les chiffres qui circulaient dans la presse italienne ces derniers jours, FS pourrait prendre autour de 35 % tout comme Atlantia, tandis que Delta et le ministère auraient autour de 15 %. FS a précisé qu'il "commencerait à travailler au plus vite avec les partenaires choisis afin de partager un plan industriel et d'autres éléments de l'éventuelle offre".

"Polémique autour d'Atlantia"

Les offres liantes avec les parts respectives de chacun arriveront mi-septembre, ont indiqué des sources proches du gouvernement à l'agence AGI. Atlantia est gestionnaire des aéroports de Rome et a déjà injecté de l'argent à deux reprises dans Alitalia, à l'occasion de recapitalisation de la compagnie en 2008 et avec l'arrivée d'Etihad. Le Mouvement 5 étoiles (M5S, antisystème), l'une des deux formations politiques présentes au gouvernement, a longtemps été vent debout contre l'entrée d'Atlantia au capital d'Alitalia, accusant la famille Benetton de négligences coupables dans l'effondrement meurtrier du pont de Gênes l'an dernier, qu'Atlantia gère via Aspi (Autrostrade per l'Italia).
Le patron du MS5, Luigi Di Maio, également vice-Premier ministre et ministre du Développement économique, a pris acte de la décision de FS, après avoir un temps exclu toute entrée du groupe dans Alitalia, avant de se montrer plus ouvert ces derniers jours. "Aujourd'hui, nous pouvons dire que nous avons posé les bases pour la relance d'Alitalia !", s'est-il félicité, en déplorant "la situation désastreuse" dont son gouvernement, formé en juin 2018, avait hérité.
"Aucun préjugé (contre Atlantia, NDLR), je l'avais déjà dit, également parce que l'État continuera d'avoir la majorité absolue dans l'entreprise et conservera donc le contrôle de la nouvelle société", a-t-il affirmé. "Mais qu'une chose soit claire : rien et personne n'effacera les 43 morts du pont Morandi" et quant à "la révocation des concessions à Autostrade, nous ne reculerons pas d'un seul centimètre !", a-t-il martelé. L'homme fort du gouvernement italien, Matteo Salvini, également vice-Premier ministre et leader de la Ligue (extrême droite), avait lui apporté son soutien à Atlantia, évoquant "un partenaire industriel sérieux avec un chiffre d'affaires de plusieurs dizaines de milliards d'euros".
Mais la route s'annonce encore longue pour Alitalia, qui compte quelque 11.000 salariés. La compagnie perd chaque jour un million d'euros, même si sa situation s'est nettement redressée en termes de chiffre d'affaires et de fréquentation grâce au travail réalisé par les administrateurs. Du prêt relais de 900 millions d'euros consenti en 2017 par l'État italien, il ne reste désormais que quelque 430 millions d'euros. Le plan industriel pour sa relance devrait se traduire par plusieurs centaines de suppressions d'emplois, une réduction de la flotte d'avions et une baisse de la rémunération du personnel. La nouvelle société devrait mettre un coup d'accélérateur sur les vols longue distance, en abandonnant les routes non rentables et non stratégiques.

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