
Les industriels de la chimie sont les premiers touchés par les arrêts de travail dans le ferroviaire © Fret SNCF
Au 7e jour de grève d'une partie des cheminots de la SNCF, chargeurs et rail-routiers ont réagi. Première à se manifester, l'Union des industries chimiques (UIC) qui évalue déjà les surcoûts des mouvements sociaux "à plusieurs millions d'euros. La situation est très critique pour plusieurs entreprises du secteur. Certaines unités de production risquent de s'arrêter si elles ne sont pas livrées par voie ferroviaire au plus vite". Ne pouvant recevoir ou expédier une partie de ses matières premières et produits finis que par rail, la filière de la chimie prévient qu'après avoir épuisé les stocks, les ruptures se traduiront par des mesures de chômage partiel qui entraîneront des problèmes d'approvisionnement dans toute l'industrie.
" Des conséquences commerciales et financières catastrophiques"
De leur côté, les rail-routiers, par la voix du Groupement national des transports combinés (GNTC), s'interrogent sur les motifs de la grève : "Ce mouvement qui n'a rien de social est inadmissible, incompréhensible et inutile". Ils critiquent sévèrement l'action des organisations syndicales à la manœuvre. "Cette politique conduit le fret ferroviaire et surtout le transport combiné à rester à quai. Les conséquences commerciales et financières sont catastrophiques et, une fois encore, tout est fait pour que le rail perde en crédibilité", jugent-ils.
Vers un report modal inversé
Au-delà du blocage dénoncé, l'AUTF revient sur les menaces qui pèsent sur le fret ferroviaire national "risquant de l'entraîner dans un nouveau cercle vicieux de contractions des volumes transportés". La première est "l'accélération des interdictions faites aux trains de fret de circuler sur le réseau secondaire pour rejoindre le réseau magistral faute, pour Réseau ferré de France, de pouvoir mobiliser les financements nécessaires à leur remise en l'état à des coûts adaptés". La seconde concerne "la dérive des coûts d'usage de l'infrastructure ". Pour mémoire, les péages bénéficient depuis 2009 d'un soutien financier public que l'État envisage de réduire voire de supprimer en 2015. "Un arrêt se traduirait par une augmentation des coûts du ferroviaire de l'ordre de 15 %". Les chargeurs s'inquiètent enfin "de la dérive des coûts sociaux" dont l'augmentation "comprise entre 10 et 15 % trouve son origine dans le projet de réforme". Celle-ci prévoit en effet la création d'un socle social unifié qui, selon l'AUTF, "pourrait conduire à la remise en cause de l'accord social grâce auquel les entreprises concurrentes de la SNCF sont parvenues à relancer l'attractivité du fret ferroviaire et à contenir son déclin par la mise en place d'organisations plus flexibles et plus productives".
Politique des transports globale
Hasard des dates, le mouvement social d'une partie des cheminots de la SNCF et les réactions sur ses conséquences logistiques coïncident avec les propositions de la Fédération nationale des associations d'usagers des transports pour relancer le fret ferroviaire. La FNAUT rappelle que la politique de transports de marchandises ne peut être que globale et multimodale. À ce titre, elle appelle l'État à assainir le transport routier à travers plusieurs mesures : "intervention auprès de l'Union européenne pour harmoniser ses conditions fiscales et sociales, des contrôles plus fréquents et l'aggravation des sanctions, un durcissement des conditions d'accès à la profession en matière de garanties financières, et la mise en place rapide de l'Écotaxe". En parallèle, la FNAUT réclame la mise en œuvre d'un "Schéma national des services de transport ferroviaire reprenant la valorisation du réseau classique et les axes structurants d'aménagement du territoire", ainsi que des mesures plus ciblées : "Les contrats de performance de RFF et de la SNCF doivent imposer une stratégie de développement du wagon isolé. L'État doit en outre favoriser l'implantation de nouveaux opérateurs ferroviaires de proximité". S'accompagnant d'une liste d'investissements jugés prioritaires pour la desserte des ports maritimes ou le réseau capillaire, la FNAUT appelle enfin l'État à s'inspirer des exemples suisse et allemand... sur la gestion de la dette du système ferroviaire notamment.