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Les autorités pakistanaises ont approuvé le 30 janvier dernier le transfert du port de Gwadar, sur la mer d'Arabie dans la province instable du Baloutchistan (sud-ouest), du groupe singapourien PSA International à la société d’État China Overseas Port Holding. Gwadar est situé tout près du détroit d'Ormuz, où transite le tiers du trafic maritime pétrolier mondial. La mainmise sur ce port par une puissance économique qui doit importer son pétrole et son gaz naturel principalement du Moyen-Orient et de l'Afrique constitue une décision hautement stratégique, estiment nombre d'analystes. Le développement d'un corridor entre ce port et l'Ouest de la Chine, frontalière du Pakistan, pourrait réduire de milliers de kilomètres le trajet pour transporter une énergie vitale pour l'économie chinoise. La Chine avait déjà payé les trois quarts des 250 millions de dollars nécessaires pour la construction de ce port, mais c'est Singapour qui avait obtenu en 2007 le contrat de location des installations.
Un pacte entre Pékin et Islamabad doit encore être finalisé, mais Gwadar serait déjà le port le plus à l'ouest dans la stratégie chinoise du "collier du perles" qui vise à louer ou acheter une série de ports dans la région afin d'encercler l'Inde rivale. Au Népal, Pékin construit actuellement un "port sec", un parc à conteneurs à l'intérieur des terres rattaché à un port maritime. La Chine est aussi l'un des quatre pays intéressés - avec l'Inde, les États-Unis et le Japon - à construire un port en eaux profondes de 5 milliards de dollars dans l'île de Sonadia, située dans le golfe du Bengale, au Bengladesh. Le Sri Lanka a ouvert l'an dernier un nouveau port en eaux profondes, à proximité d'une route maritime Est-Ouest où transitent 300 navires par jour, financé par des capitaux chinois. La Chine n'a pas de part de ce projet, mais elle détient 85 % de la compagnie Colombo International Container Terminals, qui construit un nouveau dépôt de conteneurs dans la capitale sri-lankaise.
Du commerce à une base navale ?
L'intérêt croissant de la Chine pour des ports dans la région témoigne de son ambition économique, mais peut-être aussi militaire. Le ministre indien de la Défense, A.K. Antony, s'est dit récemment "préoccupé" par la décision du Pakistan de transférer la gestion de Gwadar à la Chine. Pour Andrew Small, expert des relations entre le Pakistan et la Chine, Pékin a tout avantage à coopérer pour régler des problèmes-clés dans la région comme dans les exercices contre la piraterie maritime. De tous les projets de ports, celui de Gwadar est toutefois le plus susceptible à terme d'accueillir des installations militaires chinoises. "Le Pakistan est probablement le seul pays où le niveau de confiance entre les deux armées est suffisamment élevé" pour imaginer une base navale chinoise, dit-il.
Un pacte entre Pékin et Islamabad doit encore être finalisé, mais Gwadar serait déjà le port le plus à l'ouest dans la stratégie chinoise du "collier du perles" qui vise à louer ou acheter une série de ports dans la région afin d'encercler l'Inde rivale. Au Népal, Pékin construit actuellement un "port sec", un parc à conteneurs à l'intérieur des terres rattaché à un port maritime. La Chine est aussi l'un des quatre pays intéressés - avec l'Inde, les États-Unis et le Japon - à construire un port en eaux profondes de 5 milliards de dollars dans l'île de Sonadia, située dans le golfe du Bengale, au Bengladesh. Le Sri Lanka a ouvert l'an dernier un nouveau port en eaux profondes, à proximité d'une route maritime Est-Ouest où transitent 300 navires par jour, financé par des capitaux chinois. La Chine n'a pas de part de ce projet, mais elle détient 85 % de la compagnie Colombo International Container Terminals, qui construit un nouveau dépôt de conteneurs dans la capitale sri-lankaise.
Du commerce à une base navale ?
L'intérêt croissant de la Chine pour des ports dans la région témoigne de son ambition économique, mais peut-être aussi militaire. Le ministre indien de la Défense, A.K. Antony, s'est dit récemment "préoccupé" par la décision du Pakistan de transférer la gestion de Gwadar à la Chine. Pour Andrew Small, expert des relations entre le Pakistan et la Chine, Pékin a tout avantage à coopérer pour régler des problèmes-clés dans la région comme dans les exercices contre la piraterie maritime. De tous les projets de ports, celui de Gwadar est toutefois le plus susceptible à terme d'accueillir des installations militaires chinoises. "Le Pakistan est probablement le seul pays où le niveau de confiance entre les deux armées est suffisamment élevé" pour imaginer une base navale chinoise, dit-il.
"Le port pakistanais est situé près du détroit d'Ormuz"
Des experts pakistanais estiment toutefois que le gouvernement d'Islamabad pourrait donner un accès privilégié à la marine chinoise aux ports militaires déjà existants de Karachi ou Qasim. "La Chine peut toujours utiliser ces ports, elle n'a pas besoin de construire une autre base navale pour le moment", estime Hamayoun Khan, professeur à l'Université de la Défense nationale à Islamabad. Selon Fazal-ur-Rahman, ancien directeur de recherche sur la Chine à l'ISSI, un think tank proche du pouvoir pakistanais, Gwadar est avant tout un projet à long terme de coopération afin de doper le commerce entre la Chine et le Pakistan. Les craintes de l'Inde de voir une Chine belliqueuse disposer d'un arsenal militaire dans l'océan Indien ne sont que de la "propagande", pense-t-il.