Il y a 20 ans l'"Erika" sombrait au large du Finistère


Il y a 20 ans, l'"Erika", affrété par TotalFina, se brise en deux, au sud du Finistère. À son bord 30.000 tonnes de fuel lourd. Le début de l'une des pires marées noires en France, touchant 400 km de côtes, de la pointe de la Bretagne à l'île de Ré.


Le 11 décembre 1999, l'"Erika" est parti de Dunkerque pour rejoindre la Sicile © Marine nationale
Le 11 décembre 1999, l'"Erika" est parti de Dunkerque pour rejoindre la Sicile © Marine nationale
Le 11 décembre 1999, l'"Erika", parti de Dunkerque pour rejoindre la Sicile, est victime "d'une défaillance de sa structure", par gros temps dans le golfe de Gascogne, note le Bureau enquête accident (BEA) mer, dans son rapport d'enquête. Le lendemain, les 26 membres d'équipage, tous Indiens, sont hélitreuillés et sauvés alors que les deux parties du pétrolier coulent ensuite par 120 mètres de fond, malgré une vaine tentative de remorquage vers le large de la partie arrière.
Les premières réactions officielles sont peu alarmistes après le naufrage de ce pétrolier de 180 mètres de long, construit au Japon en 1975. "Dans tous les cas de figure, dans les modèles d'évolution que nous développons depuis ce matin avec Météo France, le pétrole ne risque pas de s'échouer en nappes sur les côtes", affirme le 12 décembre un responsable du Centre de documentation, de recherche et d'expérimentations sur les pollutions accidentelles des eaux (Cedre), créé à Brest en 1979 un an après le naufrage de l'"Amoco Cadiz" (230.000 tonnes de pétrole déversées).
Mais rapidement l'inquiétude grandit. En raison d'une météo difficile, les opérations de pompage sont difficiles. Les appels au boycott de la compagnie pétrolière TotalFina sont lancés, notamment par le président du conseil général de Vendée, Philippe de Villiers.
Le 22 décembre, des centaines de soldats et pompiers sont déployées après l'activation du plan Polmar-terre alors que de nombreux oiseaux mazoutés recueillis dans la station ornithologique de l'Île-Grande (Côte-d'Armor) sont déjà morts. Greenpeace se montre très pessimiste, annonçant qu'il sera "pratiquement impossible" de nettoyer les côtes rocheuses "avec un pétrole aussi lourd que celui-là".

"Le navire a changé huit fois d'armateur et de nom, trois fois de pavillon"

Finalement, le 23 décembre les premières galettes touchent Le Guilvinec, dans le Sud du Finistère. Et le jour de Noël ce sont des centaines de kilomètres qui commencent à être souillés par les galettes et le début de plusieurs mois d'un travail harassant pour enlever les quelque 20.000 tonnes de fuel qui se sont échappées des brèches de la coque.
La catastrophe de l'"Erika", navire "qui a changé huit fois d'armateur et de nom, trois fois de pavillon, trois fois de société de classification et quatre fois de gestionnaire nautique", a également illustré "le maquis juridique et commercial" du transport pétrolier, note Bernard Crochet, auteur de "Marées noires, 50 ans de catastrophes écologiques" (éditions Ouest-France).
Après un long feuilleton judiciaire, Total est finalement reconnu définitivement responsable en 2012, les collectivités locales et associations lésées recevant près de 200 millions d'euros d'indemnités. La catastrophe de l'"Erika" aura permis d'inscrire le "préjudice écologique" dans le code civil, qui reprend le principe du "pollueur-payeur".
Autre conséquence, "le secteur pétrolier a considérablement changé ses pratiques avant et après l'accident de l''Erika' et du 'Prestige' (en 2002 au large de l'Espagne)", explique une source proche du dossier. "Les règles ont été considérablement durcies après les deux accidents car les assurances ont poussé les opérateurs pétroliers à être plus exigeants sur la qualité des navires", ajoute-t-il, avec l'adoption d'un paquet de mesures baptisées Erika 1, 2 et 3 pour renforcer la sécurité maritime.

Benjamin Massot

Vendredi 29 Novembre 2019



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