
© Nord Stream
Le gazoduc Nord Stream, l'autoroute du gaz entre Russie et Europe, est inauguré aujourd'hui en Allemagne. La chancelière allemande, Angela Merkel, le président russe, Dmitri Medvedev, les Premiers ministres français et néerlandais, François Fillon et Mark Rutte, ainsi que le commissaire européen à l’Énergie, Günther Oettinger, ouvriront les vannes de la première conduite de ce serpent de métal de 1.200 kilomètres, qui débouche à Lubmin, en ex-RDA.
«La nouvelle conduite est exclusivement maritime»
Cette inauguration célèbre un chantier titanesque dont l'idée avait été lancée dès 1997. Nord Stream est composé de deux conduites posées au fond de la mer Baltique, l'une devant être inaugurée aujourd'hui, et la deuxième à construire d'ici la fin 2012, chacune mesurant 1.224 kilomètres de long. Chaque conduite est composée d'environ 100.000 tronçons pesant chacun 24 tonnes, et d'un diamètre intérieur de 1,15 mètre. Elles sont posées à une profondeur d'entre 80 et 110 mètres. Une fois les deux conduites posées, la capacité du gazoduc atteindra jusqu'à 55 milliards de mètres cubes par an, de quoi couvrir selon ses propriétaires les besoins de 26 millions de foyers.
Recours à trois navires spécialisés
La construction de Nord Stream, selon ses promoteurs "le plus grand projet d'infrastructure jamais mené en mer Baltique", a débuté en avril 2010. Elle a nécessité le recours à trois navires spécialisés et l'emploi de plus de 1.000 personnes, selon le consortium chargé du projet. Ce consortium (Nord Stream AG), dont le siège est à Zoug en Suisse, un canton connu pour son régime fiscal très avantageux, est dominé par le producteur de gaz russe Gazprom. Le groupe public détient 51 % de Nord Stream. Il est associé aux allemands BASF et EON (chacun 15,5 %), ainsi qu'au néerlandais Gasunie et au français GDF Suez (chacun 9 %). Le budget de Nord Stream est de 7,4 milliards d'euros. 30 % de cette somme est apportée par les membres du consortium. Le reste provient de crédits accordés par une vingtaine de banques.
Au contraire des autres gazoducs, qui transitent aussi par les pays baltes et la Pologne, la nouvelle conduite est exclusivement maritime. Cela irrite les pays contournés, au point qu'un ministre polonais était allé en 2006 jusqu'à évoquer le pacte de non-agression entre l'URSS et l'Allemagne nazie. La Suède s'est elle inquiétée des conséquences écologiques. Gazprom affirme que le gazoduc "ne produit aucun effet significatif sur l'environnement".