Jean-François Suhas veut créer "un champion mondial de la croisière"

Le premier port de croisière français ne manque pas d'atouts pour poursuivre son impressionnant développement. Le nouveau président du Club de la croisière Marseille-Provence souhaite constituer une filière élargie pour mettre à profit tout le potentiel de la région.
Marseille-Fos s'est hissé en 2014 au cinquième rang des ports de croisière de Méditerranée. Les professionnels locaux n'entendent pas s'arrêter là et souhaitent poursuivre le développement de cette activité à laquelle peu croyaient il y a encore quelques années.
Élu en janvier 2015 à la présidence du Club de la croisière Marseille-Provence (CCMP), Jean-François Suhas vise les passagers de tête de ligne, qui représentent un tiers des croisiéristes cette année. Dans cette optique, le pré-acheminement aérien devient le principal cheval de bataille. "Il nous faut des liaisons aériennes avec Dubaï, où toutes les lignes vers l'Asie se croisent", assène le président du Club de la croisière, qui espère des créneaux de décollage et d'atterrissage réclamés en cœur par tous aéroports de province. Une demande justifiée, selon lui, par les attraits culturels du territoire. "Nous sommes la première région touristique du premier pays touristique au monde." Au-delà des chiffres de trafic, le club pense aux retombées dont pourrait bénéficier l'ensemble de la filière touristique. "Une étude a montré récemment qu'à Barcelone, les passagers arrivent 2,7 jours avant le début de leur croisière, relève Jean-François Suhas. Dans notre département, l'offre culturelle et touristique est énorme, avec plusieurs sites classés par l'Unesco à moins d'une heure".

Une filière pour "chasser en meute"

Pour gagner ces passagers plus qualitatifs, celui qui exerce toujours comme pilote du port de Marseille-Fos souhaite renforcer le poids du CCMP. Fondé par la Chambre de commerce et d'industrie Marseille-Provence, le port et la Ville de Marseille, celui-ci s'est déjà ouvert aux communautés d'agglomération de Marseille et d'Aubagne, ainsi qu'aux syndicats professionnels et opérateurs privés du tourisme, du transport et du secteur maritime. Le successeur de l'initiateur, Jacques Truau, se donne deux ans pour fédérer plus largement encore les acteurs du secteur et constituer une véritable filière, créer une marque et permettre à toute structure intéressée à la croisière de s'en revendiquer.

"L'idée est de chasser en meute et de mettre en commun toutes nos ressources, explique Jean-François Suhas. Rome et Barcelone n'ont pas créé cette filière. En le faisant, nous pouvons constituer un champion mondial de la croisière", affirme le président. Cet optimisme s'appuie sur les derniers records ponctuels d'affluence, lors desquels Jean-François Suhas se félicite d'avoir vu se mobiliser "deux fois plus de moyens de prise en charge des passagers en peu de temps".

Tout un écosystème

La croisière marseillaise pourra bientôt miser sur de nouveaux atouts de poids. À commencer par la remise en service de l'immense forme de radoub n°10, annoncée pour mars 2016. "Il n'y a que trois ou quatre ports dans le monde qui peuvent réparer les plus gros paquebots et aucun n'embarque de passagers. Si les compagnies peuvent réparer, et embarquer leurs 5.000 passagers sur place, elles ne devraient pas s'en priver", estime Jean-François Suhas. L'élargissement de la passe Nord du port de 190 à 240 mètres dans le courant de l'année prochaine est un autre argument important, qui fait dire au président du Club que "Marseille va changer de catégorie en 2017-2018".
Ces ressources, le CCIMP veut se charger de les articuler avec les autres compétences, très diverses, de la place. "Tout cela fait partie d'un écosystème : nous avons un port performant, un aéroport, une gare TGV reliée à toute l'Europe, l'École de la Marine marchande, la réparation navale... Nous pouvons créer cette filière capable de pérenniser la croisière à Marseille".
Le port a la chance de progresser sur un marché global qui se développe lui aussi très vite. Jean-François Suhas relève qu'"entre 2016 et 2020, l'arrivée de 10 % de navires supplémentaires augmentera de 30 % la capacité mondiale". La flotte de croisière compte aujourd'hui quelque 270 unités. Cette explosion s'accompagne d'une nouveauté à prendre en compte à l'avenir : l'émergence d'une clientèle chinoise.
De plus, le port est situé sur le deuxième marché mondial après les Caraïbes, qui bénéficie des mêmes navires pour sa saison haute. Un fait illustré cette année par les 21 escales marseillaises de l'"Allure of the Seas". Le plus gros paquebot du monde sera remplacé l'an prochain par son sistership "Harmony of the Seas", en cours de construction par STX France à Saint-Nazaire.

Vers un cluster national ?

Car la croisière dans l'Hexagone ne concerne pas seulement Marseille mais présente les atours d'une spécialité française. Et le représentant de la croisière provençale avoue travailler aussi à "la création d'un cluster français" de ce secteur. "Nous avons une fenêtre de tir inimaginable, argue Jean-François Suhas. On construit en France, on opère en France et on répare en France". Le célèbre "Norwegian Epic" a ainsi effectué sa dernière escale technique à Brest en septembre et octobre. Chose rare, ce dernier desservira d'ailleurs en 2016 deux ports français : Cannes et Marseille. Habitué à se trouver à la croisée de nombreuses spécialités par sa profession, le pilote veut faire tomber les cloisons entre industrie, transport et tourisme. Il souhaite aussi établir des passerelles avec les autres secteurs : "La France connaît un fort développement de la croisière fluviale et peut en devenir le numéro un mondial, il y a des connexions à faire". L'ambition du Club de la croisière de Marseille ne se borne plus aux limites de la Provence.

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