Kem One : les repreneurs fusionnent leurs offres

Après neuf mois de redressement judiciaire, les 1.300 salariés de Kem One concernés ne sont pas au bout de leurs surprises : mercredi 18 décembre, les deux repreneurs en lice ont fusionné leurs offres et le tribunal de commerce de Lyon tranchera vendredi 20 décembre sur leur avenir.
Les repreneurs potentiels de Kem One ont fusionné leurs offres. "Même dans une carrière très longue, on voit rarement des coups de théâtre comme ça" : de l'aveu même de l'administrateur judiciaire, Bruno Sapin, personne ne s'attendait à pareil scénario. Mercredi 18 décembre, après consultation du comité central d'entreprise, le tribunal de commerce devait en principe désigner un repreneur ou prononcer la liquidation. Mais le fonds d'investissement américain OpenGate Capital et l'industriel français Alain de Krassny en ont décidé autrement. En début d'audience, ils ont annoncé que le premier se ralliait à l'offre du second, provoquant une longue interruption de séance. Au final, ils ont imposé un nouveau projet et un nouveau calendrier, avec nouvelle consultation du comité central d'entreprise (CCE) jeudi 19 décembre et report de l'ultime audience du tribunal de commerce à vendredi 20 décembre.
Une issue saluée par le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, à l'Assemblée nationale : "J'ai appris, en entrant dans cet hémicycle, que les deux offres venaient de fusionner et qu'il n'y en aurait donc plus qu'une seule. Cette offre est durable, elle est viable, elle est financée", a-t-il déclaré. Le ministre, qui viendra jeudi sur le site de Kem One à Balan (Ain), a assuré que le dossier se rapprochait "d'un dénouement heureux", rappelant que le groupe représentait 1.800 emplois directs, principalement en Rhône-Alpes et Paca, et 10.000 indirects en France.
Ce coup de théâtre intervient après neuf mois de tractations entre les candidats à la reprise, la direction de Kem One et les grands fournisseurs du groupe (Arkema, Total et EDF), pilotées de près par le gouvernement.

Unir leurs forces

Les deux repreneurs en lice "se sont rendus compte qu'il valait mieux unir leurs forces face aux grands opérateurs", a expliqué l'administrateur judiciaire, prévenu un quart d'heure avant l'audience du tribunal. Selon le conseil d'Opengate, Me Lionel Spizzichino, la décision prise mardi soir mais qui n'a été finalisée que mercredi matin, a été motivée par des difficultés de dernière minute dans les discussions avec EDF, et le risque d'un trou de 15 millions dans le montage financier. Après avoir envisagé de se retirer, les deux prétendants ont finalement décidé de s'unir, "une solution à laquelle poussait d'ailleurs le gouvernement depuis plusieurs semaines", a déclaré l'avocat. D'après Bruno Sapin, Alain de Krassny sera président du futur groupe, s'il voit le jour, et son capital sera de 10 millions d'euros, apportés à 50-50 par les deux entités. Le management de l'entreprise restera celui de Kem One. L'État s'est engagé à fournir une avance de 80 millions, remboursable, 33 millions, via un prêt du Fonds de développement économique et social et 15 millions en subventions d'investissement, soit 128 millions au total.

Inquiétudes des syndicats

"Le gros bémol, c'est le devenir de l'aval, car il semble que, dans la fusion, de Krassny sera le patron indiscutable et indiscuté de l'amont, et OpenGate de l'aval", a souligné Cédric Porin, avocat du CCE de Fos-Lavéra. Seules les activités amont (chlorochimie et production de PVC) sont en redressement judiciaire, mais le propriétaire actuel de Kem One, le financier américain Gary Klesch, s'est engagé à céder l'aval, bien plus lucratif, pour un euro en cas d'offre de reprise globale. Mardi, OpenGate a annoncé être entré en négociations exclusives avec le groupe belge Solvay pour lui racheter sa filiale Benvic, un des principaux formulateurs de PVC disposant de trois usines de fabrication en Europe. D'abord décontenancés par l'annonce surprise de la fusion, les syndicats attendent maintenant de voir le projet définitif qui leur sera présenté au CCE. Les représentants du personnel s'inquiètent aussi de la faiblesse des fonds propres mis sur la table - seulement 10 millions désormais, contre 25 au total avant la fusion des offres - même si les investissements prévus sont maintenus. En matière d'emploi, rien ne change, le PSE qui se traduit par la suppression de 97 postes, dont 51 CDI actuellement pourvus, étant maintenu.

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