L'Algérie renonce au développement d'une industrie automobile

L'Algérie a décidé d'interdire l'importation de pièces destinées aux usines de montage de voitures, quelques années seulement après le lancement d'une industrie automobile censée réduire sa facture d'importation, sur fond d'affaires de corruption.
Le gouvernement algérien a "décidé d'annuler le régime préférentiel pour l'importation des lots SKD/CKD pour le montage de véhicules", a-t-il annoncé dimanche 10 mai.
Cette décision devrait mettre un coup d'arrêt définitif à la jeune industrie automobile algérienne basée sur le système SKD ("semi knocked down"), qui consiste à importer le véhicule en kits prémontés, à simplement riveter ou boulonner sur place.
Le gouvernement a donc décidé d'autoriser "l'importation de véhicules touristiques neufs par les concessionnaires automobiles", suspendue depuis le lancement des usines de montage à partir de 2018 après avoir été soumise à un système de quotas d'importation dès 2016, précise le communiqué.

Pas d'effet d'entraînement local

Pour réduire la facture des importations, qui siphonnent les réserves de changes du pays, et baisser le prix des véhicules sur le marché local, l'Algérie a contraint depuis 2014 les concessionnaires à produire localement via des partenariats avec des marques étrangères.
Mais, faute de pièces produites localement et d'un véritable secteur de la sous-traitance, les économies réalisées ont été annulées par la facture de l'importation des kits.
De fait, le double objectif d'équilibrer la balance commerciale et de réduire le prix des véhicules sur le marché local n'a jamais été atteint.
Depuis 2017, plusieurs hauts responsables algériens critiquent ces usines de montage, estimant qu'elles n'ont eu aucun impact sur les réserves de change mais qu'elles avaient un coût important pour l'État en termes d'aides et d'avantages fiscaux. Actuellement, la plupart des usines de montage sont à l'arrêt.

L'heure des comptes

De grands patrons du secteur automobile ont été incarcérés ou condamnés dans le cadre d'enquêtes pour corruption déclenchées après la chute, en avril 2019, du président Abdelaziz Bouteflika, sous la pression d'un mouvement de contestation inédit. Lors du premier grand procès pour corruption, quatre patrons de grands groupes, partenaires de marques étrangères notamment chinoises, ont été condamnés en décembre à des peines de trois à sept ans de prison, confirmées en appel en mars dernier.
Le procès a montré que de grands groupes algériens, souvent propriétés d'hommes d'affaires liés à l'entourage d'Abdelaziz Bouteflika, ont été favorisés, malgré un cahier des charges rarement respecté, et ont bénéficié d'importantes aides publiques et de nombreux avantages fiscaux. Ce scandale a entraîné une perte pour le Trésor public estimée à plus de 128 milliards de dinars (975 millions d'euros), selon des chiffres officiels.

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