
© Port de Barcelone
Pour Victor Schoenmakers, le président de l'Espo, qui s'exprimait lors de la conférence de la Commission européenne intitulée «Libérer le potentiel de croissance», le temps de réviser la politique portuaire européenne est venu, en particulier depuis que les ports sont devenus "les pierres angulaires des réseaux de transport transeuropéens".
"Un défi venant s'ajouter à trois autres"
Il s'est dit persuadé que les défis auxquels sont confrontés les ports aujourd'hui ne sont pas fondamentalement différents de ceux auxquels il fallait faire face en 2007. Mais, selon lui, la crise économique de ces dernières années les a rendus plus difficiles à relever.
Le tout premier "challenge" concerne l'environnement concurrentiel dans lequel les ports vivent. Selon le président de l'Espo, "les hinterlands sont devenus de plus en plus l'objet d'attaques et la compétitivité dépend aujourd'hui de plus en plus de facteurs extérieurs à la zone portuaire en tant que telle". À ses yeux, "l'optimisation de l'accès maritime des ports et de leurs connexions vers l'hinterland doivent être une question centrale".
En deuxième lieu, Victor Schoenmakers souligne le défi que constitue le fort pouvoir de négociations des acteurs du secteur privé tels que les opérateurs de terminaux, les transporteurs et les logisticiens. Il se félicite que la crise ait chassé les spéculateurs qui proposaient des fortunes pour s'offrir des opérateurs portuaires et des installations situées sur les quais. Il constate que les difficultés économiques ont incité les gouvernements de certains pays à céder des actifs sans songer à leur rôle stratégique ni à leur valeur dans les échanges extérieurs du pays.
Le président de l'Espo indique que le troisième défi porte sur le développement portuaire en harmonie avec les questions environnementales. Et de rappeler que les préoccupations principales ont évolué en cinq ans. La question centrale portait en effet en 2007 sur les oiseaux et l'habitat. Aujourd'hui, la réduction des émissions de gaz à effets de serre et de la qualité de l'air sont devenus une priorité. En contrepartie, ces préoccupations ont donné naissance à de nouvelles opportunités commerciales. L'utilisation du GNL en tant que carburant en est la preuve, souligne-t-il. Victor Schoenmakers est convaincu que les ports maritimes jouent un rôle plus crucial que jamais dans les échanges extérieurs de l'Europe. "Les ports sont les principaux facilitateurs multimodaux de la croissance économique" du vieux continent, juge-t-il.
"Pour une révision du rôle des autorités portuaires"
Enfin, le président de l'Espo ajoute un dernier défi : il prône une refonte de la gestion portuaire. Car leur gestion est dévolue, pour l'heure, à une autorité qui assume les responsabilités publiques et privées. Il estime que ce "double rôle est la raison pour laquelle les autorités portuaires sont bien placées pour pouvoir répondre aux défis qu'impose le marché et la société sur le secteur. En revanche, il réclame "une révision de leur rôle" car les autorités portuaires doivent devenir des développeurs dynamiques.
Pour ce faire, "nous avons besoin de gouvernements qui adoptent des dispositions garantissant une indépendance aux gestionnaires des ports et une transparence". Il juge enfin que l'Union européenne doit adopter une politique portuaire conforme à cette évolution.