
Thierry Mariani, ministre des Transports
Accompagnement de la réforme portuaire, investissements et soutien de l'État dans les ports et en faveur des entreprises, Registre international français (RIF)... À quelques mois des élections présidentielles, le gouvernement s'engage à mener de front plusieurs grands chantiers en matière de politique maritime. Six mois après l'entrée en application de la réforme de la manutention, le ministre des Transports, Thierry Mariani, a annoncé mardi à Dunkerque à l'occasion de la 7e édition des Assises de l'économie maritime que le gouvernement veut accompagner celle-ci «afin qu'elle soit exploitée au mieux par les acteurs concernés». Convaincu que les ports maritimes français, qui auront traité cette année 3,7 millions d'EVP, soit 12 % de plus qu'en 2010, selon lui, doivent regagner, à moyen terme, la moitié du trafic transitant jusqu'ici par les ports étrangers, il a indiqué que «l'État a engagé un vaste plan de relance de 450 millions d'euros en sus des crédits de contrats de projet État-région» (CPER).
"Thierry Mariani pour un décloisonnement des ports"
Il a annoncé le lancement du chantier multimodal du Havre dont les travaux devraient commencer «en tout début d'année prochaine». Pour Dunkerque, il prévoit la contribution de l'État pour la construction du bassin «Baltique-Pacifique» et l'aménagement de nouveaux terminaux en eaux profondes. Des travaux pour lesquels un débat public devrait être lancé à partir du printemps prochain. M. Mariani a regretté que «85 % des marchandises soient pré et post-acheminées par la route alors que, dans d'autres ports européens, cette part représente moins de 60 % du trafic traité». Il souhaite donc «décloisonner les ports (de l'Hexagone) par le développement du ferroviaire, du fluvial et de la route». Et d'ajouter que les GPM seront au cœur du futur Schéma national des infrastructures de transport (Snit). Il a souligné que les ports seront intégrés dans les RTE-T sur lesquels se concentrent les enjeux stratégiques de financement européens.
S'exprimant sur le dossier de la coordination interportuaire, il a déclaré : «Il est inacceptable que des ports soient mis en concurrence». Donnant suite à la proposition du commissaire général pour le développement de la vallée de la Seine, Antoine Rufenacht, il a «décidé que soit mis en œuvre un rapprochement entre Le Havre, Rouen et Paris».
Le ministre en charge des Transports a réaffirmé le soutien de l'État vis-à-vis des entreprises. Abordant le sujet sous l'angle social, il a insisté sur son intervention «chaque fois que c'est possible» concernant les employeurs en difficultés : l'armateur en liquidation judiciaire SeaFrance, la société bretonne Sobrena, au bord du dépôt de bilan (voir page 3), ainsi que le chantier dunkerquois Arno.
Après avoir abordé la crise du shipping (secteur qui, à ses yeux, après avoir «adossé sa croissance sur la croissance mondiale est aujourd'hui en panne»), il a rappelé que l'exonération des charges patronales représentent cette année plus de 70 M EUR. À l'entendre, l'État ne néglige pas l'innovation puisqu'il investit 15 M EUR dans les autoroutes de la mer et près de 100 M EUR dans le navires du futur.
Émissions de soufre : proposition d'amendement
Mais il est monté au créneau au sujet de la politique de l'Omi et de l'UE en matière d'émissions de soufre par les navires. Devant les membres du Cluster maritime français, il s'est interrogé sur la pertinence d'une réglementation qui «renchérit de 40 à 70% les coûts d'exploitation d'un navire et qui risque de remettre sur les routes les poids lourds». Et d'enchaîner : «Nos armateurs rouliers et passagers ne sont-ils pas suffisamment éprouvés ?» Le ministre a donc demandé à ses services de rencontrer le rapporteur de ce texte au Parlement européen pour «lui signifier notre désaccord». Le ministère travaille déjà à une proposition d'amendement, a-t-il ajouté.
M. Mariani a indiqué qu'il va désigner Jean-François Jouffray, l'ex-directeur général adjoint des Affaires maritimes, au poste de coordonnateur au sein du ministère pour que les professionnels aient un interlocuteur concernant la solution du GNL.
Une intervention aux Assises de l'économie de la mer sans aborder le dossier du pavillon français aurait été impensable. Le ministre a souligné qu'il attendait les propositions de Michel Quimbert, le président du Conseil supérieur de la Marine marchande (CSMM), afin de «dégager les perspectives nouvelles, de relancer (sa) compétitivité». Il s'est félicité de la reprise du dialogue sur ce sujet entre armateurs et organisations syndicales.