L’éolien en mer dynamise l’industrie en France

Les Chantiers de l'Atlantique ne font pas que des paquebots : ils construisent désormais des stations électriques géantes pour les champs éoliens en mer, un secteur de plus en plus porteur pour l'industrie en France.
De leurs bureaux, sur le port de Saint-Nazaire, on peut admirer deux navires en construction, mais aussi deux bâtiments bleus, édifiés comme "un pari", en 2014, pour produire ces structures, alors que les projets éoliens français patinaient dans les procédures.
Les Chantiers "ont décidé de se diversifier il y a dix ans", explique Frédéric Grizaud, directeur Énergies marines et ingénierie. Il décrit les "synergies" entre leur "métier d'ensemblier intégrateur" et la fabrique de ces plateformes qui font transiter puissances et données dans les parcs éoliens : structure métallique, milieu marin, ingénierie complexe, valeur ajoutée...

"Nous avons investi 20 millions d'euros en 2014 sur ces deux bâtiments, sans commande ! C'était un pari industriel !"
Le groupe trouvera son premier client avec l'énergéticien danois Orsted en 2015, puis d'autres. In fine, la station du parc de Saint-Nazaire a été installée en août 2021, relevant le défi de faire tenir 100 km de câbles arrivant des éoliennes dans la plus petite plateforme possible...

Aujourd'hui, cette division représente 10 % du chiffre d'affaires (et du personnel) des Chantiers de l'Atlantique. L'équipe va passer de 250 à 300 salariés, et la production d'une unité par an à deux en 2023. Sur le port, l'éolien marin c'est aussi la grande affaire de General Electric (GE). L'américain, qui a racheté l'activité offshore et l'usine d'Alstom, y a produit les 80 nacelles de Saint-Nazaire, l'élément qui contient la turbine en haut des mâts (les pales provenant de ses usines espagnoles).

Désormais il y prépare la production d'une nacelle géante, pour accueillir une pale record (107 m), elle-même produite à Cherbourg, pour équiper des parcs en Grande-Bretagne et aux États-Unis. Le carnet de commandes est plein jusqu'en 2025.
Enfin la France attend l'inauguration mi-2022 au Havre de l'usine de Siemens-Gamesa (pales et assemblage de nacelles), non loin de l'ancienne centrale à charbon.

Marché cyclique

"Les trois projets de parcs d'EDF Renouvelables ont lancé la filière en France," souligne Cédric Le Bousse, directeur Énergies marines renouvelables chez EDF : "On a pu faire venir trois usines. C'est un tiers des usines d’Europe !"
Les Pays de la Loire se veulent en pointe, avec la Normandie, l'Île-de-France...

On produit à Redon des coquilles en fonte pour caler les câbles sous-marins, le chaudronnier Gestal usine des hélipads de nacelles, Eiffage comme Bouygues font des fondations... "On peut faire naître une filière industrielle en France, on l'a montré", assure Frédéric Grizaud, rappelant que 70 % des parcs offshore installés sont en Europe.

Mais pour lui, "l'important c'est la planification" des parcs : "ce marché est encore plus cyclique que les paquebots ! Or nous embauchons en CDI ! Si nous n'avons pas de visibilité au-delà d'une décennie, il est difficile d'investir." Des questions d'approvisionnement aussi se posent. Les nacelles de GE sont faites à partir de gigantesques pièces fondues en Chine – "on n'en trouve pas en France", selon Steven Kuret, directeur offshore France chez GE. Enfin, on cherche en vain le fabricant français d'éoliennes, à côté des géants GE, Vestas et Siemens-Gamesa : l'activité éolien offshore d'Alstom a été rachetée par le premier ; quant à Areva, il s'est retiré du secteur, cédant sa coentreprise à l'espagnol Gamesa.

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