L'"euphorie" sur les prix des matières premières touche à sa fin

La chute des cours du pétrole et de bonnes récoltes agricoles ont provoqué en 2014 la fin d'une phase d'"euphorie" sur les prix mondiaux des matières premières, qui continuent de subir l'influence écrasante de la Chine.
Après la flambée des prix démarrée en 2007, il s'agit d'"une véritable rupture, qui met un terme à la phase d'euphorie de 2007-2014", et devrait avoir des "conséquences pour les économies des pays producteurs", estime Philippe Chalmin, professeur d'histoire économique à l'université Paris-Dauphine et coordinateur du rapport Cyclope sur les matières premières, publié mercredi 20 mai.

De l'ananas au zirconium

Une soixantaine d'auteurs a contribué à la rédaction de la 29e édition de ce pavé, qui traite toutes les matières premières "de l'ananas au zirconium", en passant par l'art, le vin et les bois tropicaux. Pour l'expert, ce recul des prix "sonne le glas sur l'illusion", née à la fin des années 2000 "que la quête des matières premières tirerait la croissance mondiale". La chute des prix du pétrole, divisés par deux au second semestre (- 7 % sur l'année), constitue "de loin l'événement le plus important de l'année", estime le rapport.
Une mauvaise nouvelle pour l'environnement, avec une remise en cause de la transition vers les énergies renouvelables. "C'était bien d'avoir du pétrole cher pour nous pousser à la vertu", résume Philippe Chalmin. La tendance pourrait encore s'accentuer en 2015 si un accord sur le nucléaire est conclu entre l'Occident et l'Iran, débouchant sur une levée des sanctions économiques sur ce producteur majeur d'or noir, prévient Francis Perrin, rédacteur du chapitre Pétrole. En parallèle, le minerai de fer et le charbon se sont repliés de 20 %, tandis que le coût du fret maritime reculait de 10 %.

Récoltes pléthoriques

Mais le recul le plus marqué est celui des matières premières agricoles, après des récoltes pléthoriques à travers le globe en 2014, grâce à une météo "optimale". À la clé, 30 % de baisse du prix du maïs, céréale la plus cultivée au monde, 10 à 15 % pour le blé, 12 % pour le soja. En berne également : lait, sucre, coton et caoutchouc.
Mais sécheresse et maladies ont tout de même fait flamber les prix du blé dur (qui sert à faire pâtes et semoule), de l'huile d'olive, des noisettes turques et des amandes californiennes. Les cours mondiaux de la viande ont aussi grimpé à l'échelle planétaire, + 8 % en moyenne, du fait de sécheresses aux États-Unis et en Australie, ainsi que de plusieurs épidémies dans les cheptels. En Europe en revanche, les cours du porc ont chuté. "Le monde a faim de viande", surtout la Chine et les pays émergents, où les débats sur le végétarisme rencontrent peu d'échos, résume Jean-Paul Simier, en charge des pages Viande. L'Empire du Milieu, désormais troisième importateur mondial de viande, reste la "clé" des marchés de matières premières, malgré le ralentissement de sa croissance en 2014.
Sur la sécurité alimentaire, la stratégie des Chinois évolue, en se concentrant sur la production de riz et de blé, tout en acceptant d'être "durablement importateurs de maïs et de soja" pour nourrir le bétail, faute d'avoir assez de terres agricoles pour tout cultiver, explique François Luguenot, analyste chez InVivo. Autrefois obsédée par la constitution de stocks, la Chine semble avoir fait "le choix de maîtriser les circuits commerciaux", comme en témoigne les prises de contrôle du géant céréalier Cofco dans plusieurs groupes de négoce internationaux, ajoute-t-il. Le négoce de matières premières commence d'ailleurs à voir émerger des acteurs asiatiques. Singapour est en passe de s'imposer comme le "deuxième hub mondial" dans ce domaine, après Genève, estime Philippe Chalmin.

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