Au moins une cinquantaine de personnes sont mortes et plus de 700 blessées à la suite des déflagrations qui ont dévasté mercredi 12 août une partie d'une zone industrielle de Tianjin, l'un des principaux ports chinois, à 140 km de Pékin. Les responsables chinois n'ont pas encore pu expliquer l'origine de la catastrophe, indiquant simplement que l'enquête se poursuivait.
Alertés pour un début d'incendie, "les pompiers sont arrivés sur les lieux et c'est alors qu'est survenue la première explosion", a déclaré jeudi 13 août Zhang Yong, directeur du "nouveau district de Binhai", la zone industrielle touchée. Interrogés au sujet des tonnes de produits chimiques qui auraient provoqué l'explosion, les responsables locaux ont ensuite refusé de donner des détails. Vendredi 14 août, des officiels de la municipalité de Tianjin ne se sont pas montrés plus diserts, assurant qu'ils ignoraient encore quelles substances dangereuses étaient gardées dans l'entrepôt d'où sont parties les explosions. Selon un article - rapidement censuré - du journal "Nouvelles de Pékin", au moins 700 tonnes de cyanure de sodium pourraient avoir été entreposées sur le site.
"Clairement, il n'y a pas de culture de la sécurité sur les lieux de travail en Chine", a réagi Geoffrey Crothall, porte-parole de l'association de défense des travailleurs chinois "China Labour Bulletin", basée à Hong Kong. En août 2014, une explosion dans une usine de pièces automobiles avait fait 146 morts à Kunshan, près de Shanghai, rappelle-t-il. "On avait alors entendu les déclarations habituelles des autorités, déplorant un événement tragique, affirmant que cela ne devrait jamais se reproduire. Mais évidement, un an après, la même chose arrive à nouveau." Selon lui, "le problème, c'est qu'il y a beaucoup de règles sur la sécurité, mais qu'elles ne sont pas appliquées."
Concernant les explosions de Tianjin, la Chine dispose certes d'une réglementation spéciale pour la gestion et la sécurité des produits chimiques toxiques, mais sa mise en œuvre est difficile, a abondé Cheng Qian, un expert de Greenpeace. Le pays a besoin de politiques plus strictes, estimait-elle : "En général, ces accidents révèlent que le respect des réglementations existantes est très insuffisant", faute notamment de sanctions suffisamment sévères.
À en croire les statistiques gouvernementales, cependant, la situation s'améliore légèrement. Au premier semestre 2015, 139.000 accidents industriels ont eu lieu en Chine, faisant 26.000 morts - soit des baisses de 7,5 % et de 5,5 % respectivement sur un an. De même, dans secteur du charbon, dont la Chine est le premier producteur mondial, les accidents dans les mines ont fait 931 victimes en 2014, en repli de 11 % sur un an, selon les chiffres officiels. Un progrès saisissant, reconnaît Geoffrey Crothall : on comptait 6.000 à 7.000 victimes par an il y a dix ans. La consolidation du secteur a entraîné la fermeture de nombreuses petites mines, où la sécurité était très mauvaise, explique-t-il.
Des progrès insuffisants
Pour autant, les désastres de grande ampleur restent fréquents. En 2013, l'explosion d'un oléoduc sur un site du géant pétrolier public Sinopec avait fait 62 morts et 136 blessés dans le port de Qingdao. Un incendie dans une usine de préparation de volaille avait fait 120 victimes dans la province du Jilin. "Dans chaque cas, on relève des infractions claires aux règles élémentaires : des portes coupe-feu fermées à clé, pas d'issue de secours, et beaucoup d'employés n'ayant jamais reçu de formation à la sécurité", déplore Geoffrey Crothall. Les entreprises méprisent souvent les réglementations par souci de rentabilité et pour réduire leurs coûts : la corruption endémique leur permet d'échapper aux rares contrôles, dénoncent les associations.
Mais après la catastrophe de Tianjin, même les médias d'État s'interrogeaient. "Dans une zone de travail animée et moderne d'apparence normale, des explosifs d'une puissance équivalente à des dizaines de tonnes de TNT peuvent être stockés, risquant d'exploser à la première erreur humaine", s'indignait le quotidien "Global Times", associé au Parti communiste. Son éditorial appelait les autorités locales à la transparence... alors même que la censure des médias et des réseaux sociaux battait son plein. Une base de donnée sur les entreprises basées à Tianjin est ainsi devenue inaccessible sur internet après l'explosion.
Alertés pour un début d'incendie, "les pompiers sont arrivés sur les lieux et c'est alors qu'est survenue la première explosion", a déclaré jeudi 13 août Zhang Yong, directeur du "nouveau district de Binhai", la zone industrielle touchée. Interrogés au sujet des tonnes de produits chimiques qui auraient provoqué l'explosion, les responsables locaux ont ensuite refusé de donner des détails. Vendredi 14 août, des officiels de la municipalité de Tianjin ne se sont pas montrés plus diserts, assurant qu'ils ignoraient encore quelles substances dangereuses étaient gardées dans l'entrepôt d'où sont parties les explosions. Selon un article - rapidement censuré - du journal "Nouvelles de Pékin", au moins 700 tonnes de cyanure de sodium pourraient avoir été entreposées sur le site.
"Clairement, il n'y a pas de culture de la sécurité sur les lieux de travail en Chine", a réagi Geoffrey Crothall, porte-parole de l'association de défense des travailleurs chinois "China Labour Bulletin", basée à Hong Kong. En août 2014, une explosion dans une usine de pièces automobiles avait fait 146 morts à Kunshan, près de Shanghai, rappelle-t-il. "On avait alors entendu les déclarations habituelles des autorités, déplorant un événement tragique, affirmant que cela ne devrait jamais se reproduire. Mais évidement, un an après, la même chose arrive à nouveau." Selon lui, "le problème, c'est qu'il y a beaucoup de règles sur la sécurité, mais qu'elles ne sont pas appliquées."
Concernant les explosions de Tianjin, la Chine dispose certes d'une réglementation spéciale pour la gestion et la sécurité des produits chimiques toxiques, mais sa mise en œuvre est difficile, a abondé Cheng Qian, un expert de Greenpeace. Le pays a besoin de politiques plus strictes, estimait-elle : "En général, ces accidents révèlent que le respect des réglementations existantes est très insuffisant", faute notamment de sanctions suffisamment sévères.
À en croire les statistiques gouvernementales, cependant, la situation s'améliore légèrement. Au premier semestre 2015, 139.000 accidents industriels ont eu lieu en Chine, faisant 26.000 morts - soit des baisses de 7,5 % et de 5,5 % respectivement sur un an. De même, dans secteur du charbon, dont la Chine est le premier producteur mondial, les accidents dans les mines ont fait 931 victimes en 2014, en repli de 11 % sur un an, selon les chiffres officiels. Un progrès saisissant, reconnaît Geoffrey Crothall : on comptait 6.000 à 7.000 victimes par an il y a dix ans. La consolidation du secteur a entraîné la fermeture de nombreuses petites mines, où la sécurité était très mauvaise, explique-t-il.
Des progrès insuffisants
Pour autant, les désastres de grande ampleur restent fréquents. En 2013, l'explosion d'un oléoduc sur un site du géant pétrolier public Sinopec avait fait 62 morts et 136 blessés dans le port de Qingdao. Un incendie dans une usine de préparation de volaille avait fait 120 victimes dans la province du Jilin. "Dans chaque cas, on relève des infractions claires aux règles élémentaires : des portes coupe-feu fermées à clé, pas d'issue de secours, et beaucoup d'employés n'ayant jamais reçu de formation à la sécurité", déplore Geoffrey Crothall. Les entreprises méprisent souvent les réglementations par souci de rentabilité et pour réduire leurs coûts : la corruption endémique leur permet d'échapper aux rares contrôles, dénoncent les associations.
Mais après la catastrophe de Tianjin, même les médias d'État s'interrogeaient. "Dans une zone de travail animée et moderne d'apparence normale, des explosifs d'une puissance équivalente à des dizaines de tonnes de TNT peuvent être stockés, risquant d'exploser à la première erreur humaine", s'indignait le quotidien "Global Times", associé au Parti communiste. Son éditorial appelait les autorités locales à la transparence... alors même que la censure des médias et des réseaux sociaux battait son plein. Une base de donnée sur les entreprises basées à Tianjin est ainsi devenue inaccessible sur internet après l'explosion.