L'industrie aéronautique salue avec tristesse le géant A380

Clients et partenaires d'Airbus ont affiché jeudi 14 février leur tristesse d'apprendre la fin de la production de l'A380, saluant la réussite technologique qu'il représente mais soulignant que l'appareil n'est rentable que sur les lignes les plus fréquentées.
Premier à réagir, Cheikh Ahmed ben Saïd al-Maktoum, le PDG de la compagnie du Golfe Emirates qui a sonné le glas de l'appareil avec une conversion de commandes en avions plus petits, a rappelé qu'"Emirates a été un ardent supporter de l'A380 dès la première heure". "Nous sommes déçus d'avoir renoncé à notre commande, et tristes que le programme ne puisse être maintenu, nous acceptons cette réalité", a-t-il ajouté. Selon lui, l'A380 est "un magnifique avion adoré par nos clients et nos équipages. Il a été un facteur de différenciation pour Emirates" qui "restera un pilier de notre flotte bien après 2030". Au total, avec l'annonce de la transformation de sa dernière commande de 36 appareils pour 40 A330neo et 30 A350, Emirates aura commandé 123 "Super Jumbo".
"L'Airbus A380 est un avion fascinant et remarquable à bien des égards. Une innovation technique et un chef-d'œuvre de l'Europe", a commenté Carsten Spohr, le patron de Lufthansa, qui exploite 14 appareils de ce type. "Cependant, il a été démontré qu'une utilisation rentable de l'A380 n'est possible que sur des liaisons extrêmement fréquentées", a-t-il souligné. "Nous sommes heureux de continuer à utiliser l'Airbus A380. Nos clients et nos équipages adorent l'avion".

"Un avion fascinant et remarquable à bien des égards"

British Airways, qui opère 12 A380, a indiqué être pleinement satisfait de l'appareil, "très populaire auprès des passagers". Mais a ajouté la compagnie, "nous n'avions pas de projet d'en acheter de nouveaux". Willie Walsh, le patron d'IAG, maison-mère de British Airways, avait dit début février lors d'une conférence à Londres qu'"il n'avait pas d'inquiétude à propos de l'A380. Nous sommes très satisfaits avec les 12 A380 opérés par British Airways. C'est un excellent appareil pour nous". IAG a eu des discussions pour acheter des A380 supplémentaires, mais Willie Walsh a toujours affirmé qu'elles achoppaient sur le prix de l'appareil, qui est de 445 millions de dollars au catalogue d'Airbus.
Chris Cholerton, le président de la branche civile du motoriste britannique Rolls-Royce, qui équipe une partie des A380 en service, s'est dit triste de cette nouvelle, même si elle ouvre de nouvelles perspectives pour son groupe. Rolls-Royce équipera de ses moteurs Trent 7000 les 40 Airbus A330neo ainsi que les 30 A350 équipés de Trent XWB, dont la commande d'Emirates a été annoncée jeudi. "L'A380 est un exploit d'ingénierie de classe mondiale, très apprécié des passagers, et nous sommes évidemment tristes que les livraisons arrivent à leur fin", a-t-il déclaré. "Nous sommes très fiers d'avoir soutenu l'appareil avec notre moteur Trent 900. Nous sommes impatients de continuer à soutenir la flotte, alors que l'A380 continue de ravir les passagers pour de nombreuses années à venir", a-t-il conclu.
Enfin, Jeegar Kakkad, économiste en chef d'ADS, qui représente la filière aéronautique britannique, a déclaré : "l'A380 est un avion emblématique et l'annonce d'aujourd'hui est un jour triste pour ceux qui ont travaillé sur ce programme phare".

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