La baisse de l'euro, une aubaine pour l'aéronautique

Le secteur aéronautique européen est l'un des grands bénéficiaires de la baisse de l'euro face au billet vert, mais ses effets sont parfois retardés en raison des couvertures de changes prises par les groupes pour... se protéger d'une monnaie unique trop forte.
"Ce n'est pas une fatalité que l'euro crève le plafond". À l'instar du patron d'Airbus, Fabrice Brégier, l'été dernier, les industriels du secteur en Europe n'ont eu de cesse ces dernières années d'appeler à une baisse de l'euro afin de soutenir la compétitivité d'un secteur qui produit en euro mais vend ses avions en dollars.
Selon Fabrice Brégier, "une variation de 10 centimes sur un euro par rapport au dollar, c'est largement plus d'un milliard qui s'évapore" pour Airbus. "Dans l'aéronautique civil, l'étalon est le dollar", explique Yan Derocles, analyste chez Oddo Securities. "La quasi-totalité du chiffre d'affaires est libellée en dollars, mais comme les groupes produisent en partie en Europe, l'effet de la hausse du dollar est intéressant pour eux en ce moment". Concrètement, si un avion était vendu à 100 millions de dollars pour un coût de 50 millions d'euros, son prix de vente serait de 100 millions d'euros à un taux d'un euro pour un dollar, soit une marge de 50 millions d'euros. En revanche, son prix de revient ne serait plus que de 90 millions d'euros si l'euro passait à 1,10 dollar, puisque les 50 millions d'euros de coût n'auraient pas baissé. Soit une marge de 40 millions d'euros.

Acheter des dollars à un cours fixé à l'avance

Pour se protéger contre un euro fort, les groupes aéronautiques prennent donc des couvertures financières de change. "Le change est un élément stratégique de la gestion des entreprises", explique Pascale Moreau, coresponsable mondiale de la vente de dérivés taux et change chez Société générale. "Lorsqu'une entreprise a des coûts en euros et des revenus en dollars, elle doit acheter des euros pour couvrir ses coûts. Dans le cas d'une couverture de change, schématiquement l'entreprise échange ses dollars contre des euros à un cours fixé et ce, quelle que soit l'évolution des cours sur les marchés."
"Si l'euro baisse par rapport au niveau de couverture prévu, elle est perdante. Si le niveau monte, elle est gagnante", souligne-t-elle. Les actions Airbus, Safran ou Zodiac Aerospace ont gagné de 30 à 45 % depuis le pic à près de 1,40 dollar atteint par la monnaie unique en mai 2014. Mais si les cours de Bourse ont flambé, les effets de la baisse de l'euro, qui a perdu depuis un quart de sa valeur, ne se font pas ressentir de la même façon pour tous. La raison ? Des stratégies de couverture financière de changes différentes selon les groupes, explique Yan Derocles.
"Les groupes vont en profiter plus ou moins tôt selon leur couverture financière et les instruments qu'ils utilisent", relève-t-il, avec "d'un coté du spectre, des groupes comme Safran et Airbus, qui ont couvert la quasi-totalité de ces flux jusqu'en 2018". Mais à des cours de 1,35 dollar pour un euro cette année pour Airbus (1,33 puis 1,32 les années suivantes) ou 1,25 dollar jusqu’en 2017 pour Safran, puis 1,21 en 2018, ils ne vont pas bénéficier de la baisse de l'euro. "Ils le font parce qu'ils estiment que leur carnet de commandes représente à peu cette durée là, donc ils couvrent à peu près leur carnet de commandes", indique l'analyste.
"De l'autre coté du spectre, on a des groupes comme Zodiac Aerospace qui ne se couvrent quasiment pas. Ils vont donc avoir un impact assez rapide" de la baisse de l'euro. Zodiac a couvert 88 % de son exposition en 2014-2015 à 1,28 dollar puis seulement 27 % en 2015-2016 à 1,137.
"On en revient avec ces couvertures de change à lisser dans le temps un niveau dollar qui va s'appliquer progressivement avec des effets retard", souligne un industriel du secteur. Aujourd'hui, avec un taux de change nettement plus favorable, beaucoup veulent se couvrir au maximum après des années d'euro fort. "En ce moment, nous avons des clients qui montrent beaucoup d'intérêt pour les couvertures de changes, relève Pascale Moreau. On a plus de volumes car ils veulent se prémunir dans un contexte de forte volatilité".

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