La cession de l'aéroport de Toulouse, appel du pied aux investisseurs étrangers


En privilégiant l'offre du consortium chinois Symbiose dans la privatisation partielle de l'aéroport de Toulouse, le gouvernement a démarré un programme de cessions d'actifs mais surtout voulu lancer un message aux investisseurs étrangers, priés de croire que la France est bien un pays "pro-business".


© Toulouse-Blagnac
© Toulouse-Blagnac
Jeudi 4 décembre, les ministres de l'Économie, Emmanuel Macron, et des Finances, Michel Sapin, ont annoncé avoir choisi le consortium Symbiose, composé de Shandong Hi-Speed Group et de Friedman Pacific Asset Management, un fonds d'investissement de Hong Kong, comme "acquéreur pressenti" de la part de 49,9 % de l'aéroport de Toulouse mise en vente cet été par l'État sur les 60 % qu'il détient actuellement.
Mais si cette première cession partielle du capital d'un aéroport de province est symbolique, les 308 millions d'euros que l'État compte empocher ne sont qu'une première étape. Mi-octobre, lors de la présentation du futur projet de loi pour l'activité visant à "déverrouiller l'économie française", Emmanuel Macron avait annoncé que l'État prévoyait de céder entre 5 et 10 milliards d'euros de ses actifs dans les dix-huit prochains mois.
La possibilité d'ouvrir le capital des aéroports de Nice et de Lyon, détenus aujourd'hui à 60 % par l'État, seront mentionnés dans la loi, a confirmé jeudi 4 décembre Emmanuel Macron. En outre, une ouverture du capital du gestionnaire du Réseau de transport d'électricité (RTE), filiale autonome d'EDF, a été évoquée récemment dans la presse.

"Une démarche économique, pas politique"


Et la décision sur Toulouse-Blagnac montre que la préférence nationale, jusque-là favorisée par la France, n'a plus cours. Dans une entretien au quotidien "La Dépêche du Midi", Emmanuel Macron a d'ailleurs reconnu que le prix avait été "le critère essentiel" dans le choix du consortium chinois.
Une décision qui a suscité des inquiétudes tant au niveau national que local. Nicolas Dupont-Aignan a évoqué une décision "anti-économique" et "absurde", tandis que Jean-Louis Chauzy, président du Conseil économique, social et environnemental de Midi-Pyrénées, a estimé que "l'État hypothéquait l'avenir".
Faut-il pour autant s'inquiéter de voir des investisseurs chinois racheter les quelques entreprises encore contrôlées par l'État ? "Chaque rachat est un cas particulier. Il n'y a pas de stratégie globale de la Chine en France", nuance Camille Chen, auteur de "Investissements chinois en France : mythes et réalités". "Toulouse est très connu des Chinois en raison d'Airbus. C'est une démarche économique, certes avec un aspect stratégique, mais pas politique, sinon que les pouvoirs publics français sont beaucoup plus ouverts aux investisseurs étrangers", complète François Godement, directeur du programme Asie-Chine au Conseil européen des affaires étrangères (ECFR). "Les Chinois se comportent comme tous les épargnants qui ont une masse d'épargne sur le dos, passant d'une logique monétaire à une logique d'actifs", ajoute François Godement. Et les infrastructures européennes représentent un investissement stable, stratégique et rentable. Après avoir commencé en rachetant des ports grecs ou portugais en 2007, des investisseurs chinois ont récemment pris position dans le rail et les autoroutes, en Europe de l'Est et en Grande-Bretagne.
Pour le gouvernement, cette ouverture aux capitaux étrangers est aussi une façon de montrer que la France, même dénigrée, peut être une terre d'accueil pour les investisseurs. "Demain, le premier marché d'Airbus sera la Chine. On ne peut pas expliquer à la Chine qu'elle est bien placée quand il s'agit de vendre des avions mais que les investisseurs qui ont une vraie offre, avec un vrai projet industriel ne seraient pas bienvenus sur notre territoire", a réagi Emmanuel Macron vendredi 5 décembre, à la sortie du congrès national de l'UNAPL. Une mission loin d'être gagnée. En novembre, le groupe espagnol Ferrovial, actionnaire de l'aéroport britannique d'Heathrow, avait jeté l'éponge dans le dossier de l'aéroport toulousain. De source proche, Ferrovial avait expliqué considérer que la France était un territoire hostile aux étrangers.

Thibault Marchand

Lundi 8 Décembre 2014



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