La chaleur dessèche les espoirs des producteurs de maïs

Desséchée par la canicule et le manque d'eau, la prochaine récolte nationale de maïs pourrait être en baisse de plus de 15 % par rapport à l'an dernier, pesant sur les revenus des céréaliers, mais aussi des éleveurs qui l'utilisent pour nourrir leurs bêtes. Alors que la moisson de blé, après des inquiétudes début juillet, s'annonce finalement très bonne, celle de maïs, prévue pour le début de l'automne, est beaucoup plus incertaine. Car la sécheresse a frappé pendant la phase de fécondation des maïs, beaucoup plus critique que celle de maturation dans laquelle se trouvaient les épis de blé. Environ 40 % des champs de maïs "grain" (le plus répandu) sont irrigués, mais pour les autres, "il y a un gros souci, surtout dans l'Est et le Centre", souligne Luc Esprit, directeur général de l'Association des producteurs de maïs (AGPM). Même si le grand Sud-Ouest de la France, première zone de production, a moins souffert, la récolte nationale pourrait être "de 15 % à 20 % inférieure" à celle de l'an dernier, qui avait atteint le niveau record de 18 millions de tonnes, prévoit-il. Au 1er août, "l'indice d'humidité des sols est déficitaire sur l’ensemble du territoire", a indiqué mercredi 5 août Agreste, le service statistique du ministère de l'Agriculture. "Cela fait huit semaines qu'on n'a pas eu de vraies pluies, à part quelques orages isolés. Les réserves utiles des sols sont complètement épuisées. Les maïs se dessèchent sur pied", explique Marc Moser, président de la principale coopérative céréalière du Bas-Rhin.
Dans les environs, les plants de maïs font "au minimum un mètre de moins" que leur hauteur normale à cette époque, constate-t-il. Résultat probable : une récolte en berne de 30 % dans le département, avec des pointes à 40 ou 50 % dans les zones non irriguées (les trois quarts des surfaces). Plus au sud, la situation est également difficile : les baisses de production pourraient être de 40 à 60 % dans la région Rhône-Alpes. Dans la Bresse, "d'habitude une terre fertile pour le maïs", les rendements pourraient chuter de 1 à 2 tonnes de maïs par hectare, contre 11 l'an dernier, prévoit Daniel Martin, vice-président de l'AGPM basé dans l'Ain.

"Comptes dans le rouge"

Pour les céréaliers, "déjà très mal en point l'an dernier avec une récolte de blé catastrophique", la sécheresse "va faire perdurer les comptes dans le rouge", prévoit l'agriculteur. Les éleveurs, déjà étranglés par des prix trop faibles qui les ont poussés à manifester mi-juillet, vont en souffrir aussi. Dans de nombreuses zones, les prairies destinées à nourrir le bétail sont grillées. "Leurs charges pour l'alimentation des animaux vont augmenter car ils vont devoir acheter du foin ou du maïs", explique Daniel Martin. Si la demande intérieure pour le maïs augmente, la France, qui exporte habituellement la moitié de sa production, pourrait donc réduire ses ventes à ses voisins européens. "L'Union européenne est importatrice de maïs, elle le sera davantage", estime Luc Esprit. Mais malgré la baisse probable de production en France, qui pourrait aussi toucher la Roumanie, "les prix ne sont pas à la hausse, car la production mondiale est globalement au rendez-vous", ajoute-t-il. Surtout aux États-Unis, qui font pousser environ un tiers du maïs dans le monde, soit 300 millions de tonnes, quand l'UE dans son ensemble n'en produit que 60 millions. On arriverait donc à "une double sanction pour les producteurs français : moins de rendements et moins de prix", résume Luc Esprit. À un mois et demi de la récolte, les prévisions restent à confirmer, et des pluies fin août pourraient améliorer un peu la donne. Mais pas drastiquement : "ce qui est sec, est sec" et le restera, martèle Marc Moser.

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