La chimie en quête d'ouverture sur le gaz de schiste

La chimie européenne, réunie la semaine dernière en congrès à Munich, réclame une baisse des prix de l'énergie en ouvrant la porte au gaz de schiste, qui a permis à ses concurrents américains de réduire leurs coûts. "L'arrivée du gaz de schiste a tout chamboulé et la chimie américaine dispose désormais d'une énergie et d'une matière première deux à quatre fois moins chère que l'Europe. Une différence qui ne cesse de s'accroître", assure William Garcia, directeur exécutif de la Fédération européenne des industries chimiques (Cefic). En marge de l'assemblée générale de la Cefic ces derniers jours dans la capitale bavaroise, nombre de responsables du secteur tirent la sonnette d'alarme, rappelant que la chimie emploie 1,2 million de personnes en Europe.
"Il y a urgence", prévient Utz Tillmann, président de l'influente Fédération allemande de la chimie (VCI), qui représente à elle seule 435.000 emplois. "Si nous ne faisons rien, les entreprises vont réfléchir à deux fois avant d'investir en Europe et auront tendance à le faire là où l'énergie est la moins chère. Et si les investissements désertent l'Europe, l'innovation ne tardera pas à suivre le même chemin", assure-t-il. La Cefic partage ce point de vue : "L'UE n'est plus un pôle d'investissement, notamment dans le secteur amont de la chimie. Or, sans ce segment important, la chimie de spécialité serait à son tour en danger. C'est cette chaîne de valeur qu'il faut maintenir", affirme William Garcia.
"Ce serait une bonne chose que l'Europe réalise aujourd'hui qu'elle constitue une zone extrêmement désavantagée par rapport aux États-Unis", souligne Philippe Goebel, président l'Union française des industries chimiques (UIC). "Si l'UE souhaite protéger son industrie dans la durée, elle a intérêt à mettre au point une politique européenne de l'énergie", ajoute-t-il, à l'unisson d'Utz Tillmann, son homologue allemand.

Explorer le potentiel

Pour retrouver de la compétitivité, William Garcia prône "le développement d'infrastructures permettant une meilleure distribution et la diversification des sources d'approvisionnement de gaz". Surtout, les poids lourds de la chimie européenne voient plus loin. Ils mettent la pression pour que l'Europe ouvre la porte au moins à l'exploration du gaz de schiste, malgré l'opposition souvent forte des opinions publiques dans de nombreux pays. "Ce serait bête de tout simplement ignorer cette chance et d'en importer tout en laissant ces ressources dans le sous-sol", a affirmé le patron du géant mondial BASF, Kurt Bock, qui préside actuellement la Cefic. Chaque pays aborde la question de manière différente. Les Britanniques y vont de bon cœur. "Nous demandons l'exploitation du gaz de schiste", affirme sans détour Steve Eliott, le patron de la fédération britannique de la chimie. "Nous avons présenté un programme ambitieux pour augmenter de 50 % l'activité de la chimie en Grande-Bretagne d'ici 2030 mais, pour y parvenir, nous devons résoudre le problème de l'énergie", dit-il. Côté allemand, on se montre plus modéré. "En Europe nous devrions être prêts à évaluer nos propres ressources de gaz de schiste. Au lieu de l'interdire, l'UE devrait au moins établir une base pour l'exploration", affirme Utz Tillmann. En France, où l'exploration est prohibée, Philippe Goebel tient un discours assez semblable à celui de son collègue allemand. "Nous demandons que l'on explore le potentiel des ressources non conventionnelles sur le territoire national, gaz de schiste ou autres", affirme le président de l'UIC, qui prône la recherche de technologies pour l'exploration qui soient "respectueuses de l'environnement".

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