La dégringolade du nickel inquiète en Nouvelle-Calédonie

La dégringolade des cours du nickel et les déboires boursiers des géants miniers suscitent des inquiétudes en Nouvelle-Calédonie, où l'économie est tributaire de ce minerai.
Depuis début 2015, le prix du nickel, indispensable à la fabrication d'acier inoxydable, a dévissé de 35 % et se situe sous la barre des 10.000 dollars la tonne, son plus bas niveau depuis six ans et demi. Le repli de l'économie chinoise, première consommatrice mondiale de nickel, et le volume très élevé des stocks, de l'ordre de 450.000 tonnes, nourrissent cette déroute. "Cette crise vient s'ajouter à une situation déjà dégradée, car tous les autres secteurs tournent au ralenti. Je pense qu'on n'est pas loin d'une croissance zéro", a déclaré Catherine Wehbé, directrice du Medef. L'organisation plaide pour une réduction de la dépense publique et la diversification de l'économie "pour sortir du tout nickel". En début de semaine, la déconfiture du géant anglo-suisse Glencore, qui possède 49 % de l'usine métallurgique Koniambo dans le Nord de l'archipel, a fait trembler. Son titre a perdu 30 % de sa valeur, avant de regagner un peu de terrain, suite à des déclarations rassurantes de la direction. Depuis le début de l'année, la capitalisation boursière de Glencore, lourdement endetté, s'évapore. Or, le groupe a investi plus de 7 milliards de dollars dans une usine au nord de la Nouvelle-Calédonie, dont la montée en puissance ne cesse d'être entravée par des incidents techniques. Glencore ne possède que 49 % du capital de cette unité, dont la majorité appartient aux indépendantistes kanak de la province Nord, mais il assure 95 % de son financement. Lundi 28 septembre, le directeur de la branche nickel de Glencore, Kenny Ives, a été reçu par la ministre des Outre-Mer, George Pau-Langevin. Si rien n'a filtré de cet entretien, les spéculations vont bon train dans l'archipel.
"On sait bien que Glencore n'a pas acheté Koniambo pour perdre de l'argent. Aujourd'hui, on a tous peur", a déclaré aux "Nouvelles-Calédoniennes" Yann Vu Van Lang, délégué syndical à l'usine. Opérateur historique du nickel calédonien, la Société Le Nickel (SLN) perd de son côté environ 1,5 milliard CFP par mois (12,5 millions euros), tandis que l'action de sa maison mère, Eramet, a fondu de 50 % depuis le début de l'année. "C'est une crise profonde, réelle. Aujourd'hui, 80 % des producteurs de nickel perdent de l'argent", a indiqué Daniel Katrawa, secrétaire général de la SLN.
Le brésilien Vale avait lui averti en janvier que 2015 était une année décisive pour son usine métallurgique, en phase de montée en puissance, dans le Sud de l'archipel. Vale, qui a investi plus de 7 milliards de dollars dans l'île, espérait atteindre l'équilibre d'exploitation, mais la conjoncture a fossoyé ses ambitions. Le groupe, dont l'action est à son plus bas niveau depuis 2003, effectuera en novembre une revue de l'ensemble de ses projets.
De leur côté, les exportateurs privés de minerai, dont les principaux clients sont le Japon et l'Australie, pensent pouvoir faire le dos rond si la crise ne s'éternise pas. Leurs inquiétudes se focalisent sur l'incapacité des dirigeants locaux à s'entendre sur une stratégie minière. "On n'a aucune lisibilité sur ce qu'on veut faire de nous", a indiqué Xavier Gravelat, président du syndicat des exportateurs de minerai (SEM). Cette organisation réclame, avec les rouleurs sur mine, l'ouverture d'un canal d'exportation sur la Chine, à l'origine d'un conflit social dur en août dernier. Un protocole d'accord a été signé mais depuis, le dossier s'enlise dans un imbroglio politico-juridique. En outre, les indépendantistes prônent l'arrêt des exportations de minerai en 2019, sauf si elles sont destinées à des usines offshore dans lesquelles la collectivité a des participations.

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