
Le nouveau confinement de Shanghai s'est traduit par un blocus de quelque trois-cent navires dans son port © Shanghai Port Group
En ouvrant les débats sur les causes de la désorganisation de la ligne régulière, le salon Euromaritime, qui a fermé ses portes à Marseille le 30 juin, n'a pas fait l'impasse sur toutes les questions qui perturbent la supply chain mondiale.
Pour Lamia Kerdjoudj-Belkaïd, la secrétaire générale de la Feport, la fédération européenne des opérateurs de terminaux, "Nous découvrons la congestion". Un symptôme qui, selon elle, "ne va pas en amont mais en aval de la chose portuaire".
Elle ajoute qu'à la crise du Covid, qui s'est avérée difficile, s'est ajouté un problème d'équipement et l'accident du "Ever Given". Autant de facteurs dont "les effets ont agi en cascade", à ses yeux.
Abordant le problème de la perte de "fiabilité des schedules" concernant la ligne régulière, Lamia Kerdjoudj-Belkaïd a résumé son propos en indiquant qu'aujourd'hui la formule ETA (Estimated Time of Arrival) des navires pourrait être remplacée par un ATA (Actual Time of Arrival).
Les navires prennent un tel retard que l'on peut en effet se demander aujourd'hui si les prévisions de départ ou d'arrivée, des valeurs sûres qui régissaient depuis si longtemps toute l'organisation de la ligne régulière, ne devraient pas céder la place aux dates réelles d'escale.
Des mutations se profilent
La responsable de la fédération européenne, pour qui le blocage de 300 navires à Shanghai est alarmant pour la supply chain mondiale, imagine que "des mutations vont s'opérer. Le comportement des consommateurs va changer".
À son tour, Lamia Kerdjoudj-Belkaïd évoque "le mouvement de relocalisation plus près de l'Europe" auquel on devrait assister. Elle juge que les matières premières étaient trop loin. Mais elle est convaincue que "ce qui risque de coincer, c'est la créativité pour trouver des solutions alternatives". Il va donc falloir que s'active "le groupe de travail créé pour contourner ces difficultés".
Et d'expliquer : "pendant très longtemps, on a transporté à perte. On va aller chercher des marchandises moins loin car il y a désormais l'impact environnemental à payer". Elle souhaite que des solutions aux annulations d'escales soient trouvées.
Un quart de la flotte mondiale affecté par la congestion portuaire
De son côté, Florent Noblet, le délégué général de TLF Overseas, déplore lui-aussi les conséquences de la congestion portuaire globale. "Un quart de la flotte mondiale est concerné", juge-t-il.
Un phénomène qui freine le parcours d'un conteneur à tel point qu'il lui faut "cent jours" pour arriver à destination. Selon lui, "les chaînes logistiques continuent de bouger".
Rendez-vous est pris par TLF Overseas à Bruxelles avec le cabinet de Margrethe Vestager, commissaire européenne à la Concurrence, et avec le cabinet de Thierry Breton, commissaire responsable du Marché intérieur. "Nous demandons des clarifications pour mieux travailler ensemble [avec les transporteurs maritimes, NDLR] et améliorer la fluidité", explique le responsable de TLF Overseas, soulignant que la Commission européenne se montre attentive, "bien que, à ses yeux, elle regarde de moins près le problème que la FMC aux États-Unis et que les autorités sud-coréennes".
Au plan routier, après avoir souligné qu'il ne faut pas oublier la dimension sociale du paquet mobilité de la Commission européenne, la présidente de la Feport affirme : "On ne peut pas se trouver face à des transporteurs routiers en baissant les bras (…). On ne peut pas opposer le paquet routier et la pénurie chronique de conducteurs. On n'est pas dans du low cost uniquement".
Pour Lamia Kerdjoudj-Belkaïd, la secrétaire générale de la Feport, la fédération européenne des opérateurs de terminaux, "Nous découvrons la congestion". Un symptôme qui, selon elle, "ne va pas en amont mais en aval de la chose portuaire".
Elle ajoute qu'à la crise du Covid, qui s'est avérée difficile, s'est ajouté un problème d'équipement et l'accident du "Ever Given". Autant de facteurs dont "les effets ont agi en cascade", à ses yeux.
Abordant le problème de la perte de "fiabilité des schedules" concernant la ligne régulière, Lamia Kerdjoudj-Belkaïd a résumé son propos en indiquant qu'aujourd'hui la formule ETA (Estimated Time of Arrival) des navires pourrait être remplacée par un ATA (Actual Time of Arrival).
Les navires prennent un tel retard que l'on peut en effet se demander aujourd'hui si les prévisions de départ ou d'arrivée, des valeurs sûres qui régissaient depuis si longtemps toute l'organisation de la ligne régulière, ne devraient pas céder la place aux dates réelles d'escale.
Des mutations se profilent
La responsable de la fédération européenne, pour qui le blocage de 300 navires à Shanghai est alarmant pour la supply chain mondiale, imagine que "des mutations vont s'opérer. Le comportement des consommateurs va changer".
À son tour, Lamia Kerdjoudj-Belkaïd évoque "le mouvement de relocalisation plus près de l'Europe" auquel on devrait assister. Elle juge que les matières premières étaient trop loin. Mais elle est convaincue que "ce qui risque de coincer, c'est la créativité pour trouver des solutions alternatives". Il va donc falloir que s'active "le groupe de travail créé pour contourner ces difficultés".
Et d'expliquer : "pendant très longtemps, on a transporté à perte. On va aller chercher des marchandises moins loin car il y a désormais l'impact environnemental à payer". Elle souhaite que des solutions aux annulations d'escales soient trouvées.
Un quart de la flotte mondiale affecté par la congestion portuaire
De son côté, Florent Noblet, le délégué général de TLF Overseas, déplore lui-aussi les conséquences de la congestion portuaire globale. "Un quart de la flotte mondiale est concerné", juge-t-il.
Un phénomène qui freine le parcours d'un conteneur à tel point qu'il lui faut "cent jours" pour arriver à destination. Selon lui, "les chaînes logistiques continuent de bouger".
Rendez-vous est pris par TLF Overseas à Bruxelles avec le cabinet de Margrethe Vestager, commissaire européenne à la Concurrence, et avec le cabinet de Thierry Breton, commissaire responsable du Marché intérieur. "Nous demandons des clarifications pour mieux travailler ensemble [avec les transporteurs maritimes, NDLR] et améliorer la fluidité", explique le responsable de TLF Overseas, soulignant que la Commission européenne se montre attentive, "bien que, à ses yeux, elle regarde de moins près le problème que la FMC aux États-Unis et que les autorités sud-coréennes".
Au plan routier, après avoir souligné qu'il ne faut pas oublier la dimension sociale du paquet mobilité de la Commission européenne, la présidente de la Feport affirme : "On ne peut pas se trouver face à des transporteurs routiers en baissant les bras (…). On ne peut pas opposer le paquet routier et la pénurie chronique de conducteurs. On n'est pas dans du low cost uniquement".
"On risque de connaître une ruée vers le ferroviaire"
Toujours au plan routier, Stéphane Salvetat, président de Via Marseille Fos, souligne le poids du conflit russo-ukrainien sur la profession des chauffeurs. Selon le co-président du Syndicat des transitaires de Marseille-Fos (STM), qui attendait la désignation d'un ministère des Transports en France, "certains routiers polonais étaient ukrainiens. Ils sont partis faire la guerre".
"On risque de connaître une ruée vers le ferroviaire", ajoute-t-il. Et de citer l'exemple de la trajectoire Chine-Pologne-États-Unis, sur laquelle "le port de Gdansk est le plus libre".
Des propos confirmés par Florent Noblet, qui a rappelé la carence des conducteurs routiers dans le monde et souligné que le rail international a connu une croissance à deux chiffres ces derniers mois.
Pour le délégué général de TLF Overseas, autre mode ayant bénéficié de la congestion portuaire et de la forte envolée des taux de fret, l'aérien. Il évoque l'apparition des modes combinés "mer-air" et "air-mer". "Le textile, selon, a inondé pendant quelques mois les plateformes aéroportuaires".
Pour Jean-Emmanuel Sauvée, le président d'Armateurs de France, celle-ci "est navrée d'avoir contribué, sans le vouloir, à des perturbations" dans la supply chain. Selon lui, depuis le début de la crise, l'opinion publique se rend compte du poids de la marine marchande dans l'économie mondiale.
Exemption de groupes : une révision se prépare en Europe
En réponse à une attaque prenant pour exemple la position du président américain Joe Biden ayant appelé dans son discours de Los Angeles le Congrès à entrer en contact avec les armateurs mondiaux coupables d'avoir fait flamber les taux de fret, Jean-Emmanuel Sauvée a défendu la profession. Interrogé également sur les ententes entre opérateurs, il a notamment estimé : "Joe Biden se rend compte aujourd'hui que les États-Unis ont laissé filer il y a trente les compagnies maritimes américaines".
À propos de l'exemption de groupe européenne dont bénéficient les transporteurs maritimes, le président d'Armateurs de France a affirmé sans ambages que "toutes les autorités restent extrêmement vigilantes". Quant à Lamia Kerdjoudj-Belkaïd, elle a souligné qu'une révision va démarrer en Europe dans quelques semaines.
Du côté portuaire, Hervé Martel, le président du directoire du port de Marseille-Fos, s'est félicité que le port phocéen ait battu un record en 2021 et ait affiché une croissance forte au cours du premier semestre sans souffrir de problème de congestion ni de grève. Mais il regrette toutefois que les ports aient dû faire face pendant la crise à des suppressions d'escales et de services.