La grève dans le rail inquiète les chargeurs

La grève des cheminots perturbe fortement le fret ferroviaire en France et inquiète les entreprises qui dépendent du rail pour s'approvisionner en matières premières ou livrer leurs produits, notamment dans l'agriculture, la sidérurgie et la chimie.
"Il y a des trains qui étaient commandés depuis trois mois. Aujourd'hui ils ne sont pas venus et personne ne sait quand ils viendront", soupire Philippe Pinta, président de l'association générale des producteurs de blés (AGPB). "J'ai vu hier des organismes stockeurs qui étaient très inquiets, se demandant comment ils allaient pouvoir honorer leur commandes". Ils "sont en train de calculer les surcoûts" occasionnés par la grève, qui peuvent atteindre selon les cas, "entre 5 et 20 euros la tonne", souligne-t-il.
La grève de deux jours sur cinq jusqu'au 28 juin, lancée par des syndicats de la SNCF, touche sévèrement le transport ferroviaire de marchandises. "Nos circulations ont été très fortement réduites" mardi et mercredi, "puisque nous sommes à environ 15 % du nombre de trains prévus un jour normal", a expliqué Philippe Moritz, porte-parole de Fret SNCF, l'opérateur français historique du transport de marchandises par le rail, qui contrôle près de 60 % du marché. Environ 70 % des conducteurs de train ont cessé le travail, dans le fret, soit la même proportion que dans le transport de passagers.

Les transporteurs privés touchés

Le secteur a été ouvert à la concurrence en 2006. Mais les concurrents privés, comme Euro Cargo Rail (ECR), filiale de la Deutsche Bahn allemande, deuxième opérateur en France avec environ 15 % de part de marché, et Europorte (filiale de Getlink, ex-Eurotunnel), le numéro trois, sont également touchés par le mouvement social. De nombreux aiguilleurs, qui régulent le trafic sur le réseau pour l'ensemble des opérateurs, ont cessé le travail.
Selon Philippe Moritz, "il y a beaucoup d'échanges avec les clients pour trouver des solutions, et rattraper ce qu'on peut rattraper les jours où il n'y a pas grève".
Le train représente seulement 10 % du transport domestique de marchandises en France. Mais il est important pour des secteurs comme la sidérurgie, qui s'est construite historiquement autour du rail, avec des convois très lourds, notamment de matières premières et de combustibles, entre le port de Dunkerque et les usines de l'est de la France. La chimie est aussi particulièrement concernée, les entreprises du secteur préférant souvent le train à la route pour transporter des matières dangereuses.
L'automobile, pour l'expédition de véhicules en sortie d'usine, le bâtiment et les travaux publics, qui s'approvisionnent en granulats et autres matériaux de construction, ou bien l'agriculture, pour le transport de céréales vers les ports d'exportation, sont aussi de gros clients.

Anticipation sur les stocks

"Aujourd'hui on a une gêne qui est importante mais qui reste gérable. Elle ne le serait pas forcément dans les jours qui viennent si le mouvement garde la même ampleur", s'inquiète Christian Rose, directeur des relations adhérents et institutionnels pour l'association des utilisateurs de transport de fret (AUTF). Selon lui, les céréaliers ou les sociétés du BTP ont pris leur précaution. Leurs capacités de stockage "ont été saturées avant la grève, ils ont des stocks de sécurité", mais seulement pour quelques jours, "peut-être une semaine pour certains d'entre eux".
Or, il s'inquiète de la capacité de la SNCF à faire rouler des trains de marchandises entre les jours de grève : "on sait très bien que dans le fret, la reprise des activités est beaucoup plus longue" que dans le trafic de voyageurs.
Chez le sidérurgiste ArcelorMittal, on explique avoir "anticipé des solutions alternatives si besoin" et avoir "recours à d'autres modes de transport (routier ou fluvial) pour continuer à servir ses clients".
Le président de l'Union des industries chimiques (UIC), Pascal Juéry, estime que les grèves "vont forcément avoir un impact et désorganiser un certain nombre d'approvisionnements". "Ce n'est pas du tout une bonne nouvelle", selon lui, car "ça veut dire qu'il y a plus de camions sur les routes".

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