La guerre en Ukraine cause une pénurie d'engrais en Amérique latine

Prêts pour les semences, des milliers de sacs d'engrais s'entassent dans les hangars de la région de la Portuguesa, considérée comme le grenier du Venezuela. Mais les stocks sont insuffisants, car la guerre en Ukraine, à 10.000 km de là, fait sentir ses effets.
Le Venezuela n'est pas un cas isolé : l'invasion de l'Ukraine par la Russie fin février a des conséquences dans toute l'Amérique latine, les deux pays étant d’importants fournisseurs d'engrais dans toute la région.

La Russie est le plus grand exportateur d’engrais au monde : 7,6 milliards de dollars de ventes annuelles en 2020, selon l’Observatoire économique de la compétitivité (OEC), représentant 12 % de l'offre mondiale. Et alors qu’environ 80 % des 180.000 tonnes métriques d'engrais dont a besoin chaque année le Venezuela viennent de Russie, d'Ukraine et du Belarus, selon Fedeagro, la fédération des producteurs agricoles, les exportations sont pratiquement paralysées par la guerre et les sanctions internationales.

"Grâce à Dieu, nous avons réussi à acheter des engrais à la Russie en octobre et novembre, nous avons payé en décembre et ils ont pu arriver en février et mars", indique Celso Fantinel, président de Fedeagro. Ce dernier alerte, cependant, sur un déficit équivalent à un tiers de la demande.

Des doses moindres dans certaines régions

"Nous produisons à 30 % de notre capacité", conséquence de la profonde crise économique qui a frappé le pays sud-américain ces dernières années. "Et même ainsi, ces 30 % n'ont pas les engrais nécessaires", regrette Ramon Bolotin, président de l'Association des producteurs indépendants (PAI) à Turén.

"Les engrais chimiques sont essentiels" pour la productivité dans ce pays de 30 millions d'habitants où "3 % de la population produit à manger pour les autres 97 %". "Nous allons travailler avec ce que nous avons [...], dans certaines régions les doses seront moindres", explique-t-il.

Les agriculteurs vénézuéliens espèrent semer cette année 250.000 hectares de maïs, 50.000 de riz, 60.000 de canne à sucre et 70.000 d'autres cultures, comme le café et le cacao, selon Fedeagro. Mais le manque d’engrais constitue un obstacle important. Et toute l'Amérique latine est confrontée à ce problème : en 2021, le Brésil a importé 80 % des 40 millions de tonnes d'engrais qu'il a utilisées, dont 20 % provenaient de Russie.

L'Argentine importe 60 % des 6 millions de tonnes qu'elle utilise, dont 15 % de Russie. Le Mexique, l'Équateur, la Colombie et le Pérou sont plus ou moins dépendants des engrais russes.

"Au cours des trois dernières années, nous avons organisé l’acheminement des engrais nous-mêmes" par le biais d'intermédiaires, explique Osman Quero, vice-président de Fedeagro. Mais dernièrement les exportateurs, en raison de la situation en Russie, ont souvent cessé leurs ventes afin de réserver les engrais pour leur marché intérieur.

Les agriculteurs vénézuéliens demandent donc la réactivation du complexe pétrochimique de Moron (nord). Selon PDVSA, la compagnie publique de pétrole, celui-ci a la capacité de produire 150.000 tonnes métriques d'engrais azotés et phosphatés par an. Mais il est semi-paralysé depuis 2017. "Nous disposons de deux ingrédients fondamentaux : l'urée (azote) et le phosphore et nous n'aurions besoin d'importer que du chlorure de potassium", résume Celso Fantinel.

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