
© Éric Houri
La justice a prononcé la liquidation de la raffinerie Petroplus. "Aujourd'hui, c'est 2.000 familles qui ont perdu leur emploi (sous-traitants inclus). On nous a lâchés", a estimé Yvon Scornet, porte-parole de l'intersyndicale CGT-CFDT-CFE/CGC après une audience à huis clos de trois heures et demie à Rouen, dénonçant un "massacre". Les juges ont rejeté mardi matin les deux offres de reprises qui leur avaient été présentées, celle de NetOil, dont le siège est à Dubaï, et dont M. Scornet a regretté le rejet, et celle d'Alafandi Petroleum Group (APG), basé à Hong Kong. "Il faut qu'on sauve cette usine. On n'a pas le droit de la fermer. Je préfère mourir. Ça fait des mois qu'on y travaille tous les jours. On a pris une centaine de contacts depuis le début", a poursuivi le syndicaliste d'une voie étranglée, entre volonté d'y croire encore et désespoir, devant quelque 200 personnes.
Le tribunal de commerce "a décidé la liquidation avec poursuite d'activité de deux mois, pour les besoins de la liquidation, la mise en sécurité du site, on ne ferme pas une raffinerie du jour au lendemain", selon l'avocat des salariés, Me Jean-Marie Valentin. "Le tribunal a estimé que NetOil n'avait pas démontré ses capacités financières. Quant à APG, il n'y avait rien" dans cette offre, a ajouté Me Valentin. Les juges ont aussi permis à d'éventuels repreneurs de se "faire connaître avant le 5 novembre", selon Me Valentin.
"Nationalisation"
Nombre de manifestants devant le tribunal ont exprimé leur colère voire insulté les juges et le gouvernement. Certains menaçaient d'aller bloquer un dépôt de carburants. D'autres lançaient : "Que le tribunal sorte" ou "nationalisation". Une nationalisation demandée par Emmanuel Maurel, candidat au poste de premier secrétaire du PS face à Harlem Désir. De son côté, le gouvernement, via le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a assuré mardi qu'il poursuivrait "ses efforts" en vue d'une reprise de la raffinerie. "Il est parfaitement inacceptable que ce soit les tribunaux de commerce qui décident de l'avenir de nos industries", a déclaré Éric Corbeaux, responsable des luttes au PCF. Le Parti de gauche a demandé "au gouvernement d'intervenir pour que la reprise et le redémarrage de Petroplus se fassent". Nathalie Arthaud, porte-parole de Lutte ouvrière, a déclaré pour sa part que "ce sont les salariés qu'on liquide". "Celui qui nous a jetés à la rue c'est Shell. Il s'en tire bien. Il économise les 200 à 260 millions que coûterait une dépollution du site", a ajouté Jean-Luc Brouté, un autre syndicaliste CGT, devant le tribunal. Shell a été propriétaire de la raffinerie, basée près de Rouen, de sa création en 1929, à sa vente à Petroplus en 2008. Le groupe suisse a annoncé des restructurations il y a un an, puis sa mise en vente en janvier dernier.
Le tribunal de commerce "a décidé la liquidation avec poursuite d'activité de deux mois, pour les besoins de la liquidation, la mise en sécurité du site, on ne ferme pas une raffinerie du jour au lendemain", selon l'avocat des salariés, Me Jean-Marie Valentin. "Le tribunal a estimé que NetOil n'avait pas démontré ses capacités financières. Quant à APG, il n'y avait rien" dans cette offre, a ajouté Me Valentin. Les juges ont aussi permis à d'éventuels repreneurs de se "faire connaître avant le 5 novembre", selon Me Valentin.
"Nationalisation"
Nombre de manifestants devant le tribunal ont exprimé leur colère voire insulté les juges et le gouvernement. Certains menaçaient d'aller bloquer un dépôt de carburants. D'autres lançaient : "Que le tribunal sorte" ou "nationalisation". Une nationalisation demandée par Emmanuel Maurel, candidat au poste de premier secrétaire du PS face à Harlem Désir. De son côté, le gouvernement, via le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, a assuré mardi qu'il poursuivrait "ses efforts" en vue d'une reprise de la raffinerie. "Il est parfaitement inacceptable que ce soit les tribunaux de commerce qui décident de l'avenir de nos industries", a déclaré Éric Corbeaux, responsable des luttes au PCF. Le Parti de gauche a demandé "au gouvernement d'intervenir pour que la reprise et le redémarrage de Petroplus se fassent". Nathalie Arthaud, porte-parole de Lutte ouvrière, a déclaré pour sa part que "ce sont les salariés qu'on liquide". "Celui qui nous a jetés à la rue c'est Shell. Il s'en tire bien. Il économise les 200 à 260 millions que coûterait une dépollution du site", a ajouté Jean-Luc Brouté, un autre syndicaliste CGT, devant le tribunal. Shell a été propriétaire de la raffinerie, basée près de Rouen, de sa création en 1929, à sa vente à Petroplus en 2008. Le groupe suisse a annoncé des restructurations il y a un an, puis sa mise en vente en janvier dernier.
"Jusqu'au 5 novembre pour trouver un repreneur"
Le député PS de Seine-Maritime, Guillaume Bacheley, a estimé devant les manifestants qu'il y avait toujours "une bataille à mener" car le site "possède tout le savoir-faire" pour assurer "son avenir industriel", comme l'a prouvé selon lui le redémarrage par les salariés de la raffinerie en juillet, après son arrêt quelques mois auparavant. "Il y a un enjeu absolument majeur, sur le plan social, sur le plan de la sécurité puisque c'est un site Seveso 2, et aussi sur le plan de l'indépendance énergétique de la France et de l'Europe qui doit protéger son industrie de la concurrence déloyale" dans ce domaine, avait-il estimé dans la matinée. Selon la CGT, avec les emplois induits, 4.500 familles sont concernées par le sort de la raffinerie. Les salariés ont prévu de se rassembler jeudi 18 octobre à 12 h 30 devant la raffinerie.
Le nombre de raffineries en France a été divisé par deux en trente ans
La France ne compte plus qu'une dizaine de raffineries en activité, dont celle de Petroplus à Petit-Couronne (Seine-Maritime) mise en liquidation mardi, contre plus du double au début des années 80, conséquence notamment de la chute de la consommation française de carburants. Voici un tour d'horizon des installations de raffinage françaises, par ordre de taille décroissante. Les capacités de raffinage de pétrole brut sont en millions de tonnes par an (sources : Ufip).
DIX RAFFINERIES EN ACTIVITÉ :
- Raffinerie de Normandie à Gonfreville-L'Orcher (Seine-Maritime), Total : 16,4 Mt/an.
- Raffinerie de Port-Jérôme-Gravenchon (Seine-Maritime), Esso (groupe ExxonMobil) : 11,8 Mt/an.
- Raffinerie de Donges (Loire-Atlantique), Total : 11,5 Mt/an.
- Raffinerie de Lavéra (Bouches-du-Rhône), Ineos : 9,9 Mt/an.
- Raffinerie de Provence à La Mède (Bouches-du-Rhône), Total : 7,7 Mt/an.
- Raffinerie de Petit-Couronne (Seine-Maritime), Petroplus : 7 Mt/an.
- Raffinerie de Fos (Bouches-du-Rhône), Esso : 6,2 Mt/an.
- Raffinerie de Feyzin (Rhône), Total : 5,7 Mt/an.
- Raffinerie de Grandpuits (Seine-et-Marne), Total : 4,9 Mt/an.
- Raffinerie des Antilles à Fort-de-France (Martinique), Total, Rubis et d'autres actionnaires : 0,8 Mt/an.
UNE RAFFINERIE EN SURSIS :
- La raffinerie du groupe américain LyondellBasell à Berre-l'Étang (Bouches-du Rhône), d'une capacité de 6,3 Mt/an, est en sommeil depuis janvier, en attendant un hypothétique repreneur. Le groupe s'est donné jusqu'à fin 2013 pour en trouver un, faute de quoi elle devrait être définitivement arrêtée.
DEUX RAFFINERIES FERMÉES DEPUIS 2010 :
- Total a arrêté en 2010 la raffinerie des Flandres, près de Dunkerque (Nord), d'une capacité de 6,7 Mt/an. Elle avait été mise en service en 1974 et était la dernière à avoir été construite en France.
- L'ex-raffinerie Petroplus de Reichstett (Bas-Rhin) a été arrêtée en avril 2011. Construite en 1963, et d'une capacité de 4 Mt/an, elle avait été rachetée en 2008 par le raffineur helvétique au groupe Shell.