Basé sur le port de Lyon, le Centre d’analyse comportementale des ouvrages hydrauliques (CACOH) emploie 45 personnes dont une vingtaine d’ingénieurs de différentes spécialités : hydraulique, hydrologie, topographie, génie civil, géotechnique, hydrographie. "La CNR dispose d’un patrimoine exceptionnel avec 50 barrages, écluses, usines hydroélectriques et 400 km de digues", observe Mattia Scotti, directeur du CACOH, un soir de présentation du centre et de ses installations de modèles réduits exécutés au millimètre près à des professionnels du pôle Indura (Infrastructures durables de Rhône-Alpes). La CNR consacre 20 millions d’euros par an pour des opérations de réparation dont 40 % pour les digues. "À ce jour, la CNR n’a jamais été confrontée à une rupture de digue !", remarque Jean-Louis Mathurin, directeur Ingénierie CNR.
"L’érosion interne, première cause de rupture des digues"
Le Centre réalise des études pour mieux comprendre certains des phénomènes complexes inhérents au fonctionnement des aménagements hydrauliques. La CNR mène ainsi deux projets d’envergure, d’une part, ERINOH (Érosion interne des ouvrages hydrauliques) pour comprendre l’érosion des digues et, d’autre part, le projet PENELOP2 (Performances énergétiques économiques et environnementales des ouvrages de production hydroélectriques) mené avec Alstom Hydro et le bureau d’études Artelia.
L’érosion interne est la première cause de rupture des digues et c’est une préoccupation importante. Comment se développe-t-elle ? Comment traiter le phénomène ? Tels sont les enjeux du projet national ERINOH auquel collaborent 75 organismes.
PENELOP2 a pour objectif d’étudier l’influence de différents facteurs sur les performances des groupes de basse chute. Ceci afin de déterminer les moyens à mettre en œuvre pour optimiser les rendements et l’exploration des fonds du Rhône. Pour cela, le bateau hydrographique "Frédéric Mistral" est équipé de 48 sondeurs multitransducteurs, d’un système de géoposition et d’un sonar à imagerie haute résolution. Il capte et rassemble une foule d’informations qui alimentent la base de données "Bathy". "Même si nous avons envie d’innover parfois, nous devons nous cantonner aux techniques éprouvées car la sûreté prime", remarque Jean-Louis Mathurin, qui avec ses équipes et partenaires renforce l’expertise du CACOH et poursuit l’auscultation des ouvrages pour prévenir les risques.
Hormis des études de référence comme le pont ferroviaire sur la Garonne à Bordeaux, la remise en service des bassins d’écrêtement de la Savoureuse, l’écluse de Crémone sur le Pô, le CACOH a été impliqué dans deux phases du projet pharaonique d’élargissement du canal de Panama dont le retard est pénalisant. "Nous entretenons des contacts pour définir les essais de réception du fonctionnement hydraulique des écluses mais actuellement le calendrier est reporté d’au moins un an", regrette Jean-Louis Mathurin.