
© Chong Chon Gang
La saisie au Panama du vraquier nord-coréen "Chong Chon Gang" transportant des armes cubaines illustre le vaste troc auquel se livre Pyongyang depuis des décennies avec les pays non alignés afin de contourner les sanctions internationales qui l'étranglent. Pyongyang affirme que les armes saisies, non déclarées, sont "obsolètes" et destinées à être renvoyées à Cuba après avoir été modernisées, dans le cadre d'un "contrat légal". D'après les experts, cette affaire met en lumière le troc systémique mis en place par le Nord pour s'affranchir des sanctions de plus en plus draconiennes votées aux Nations unies pour empêcher le régime communiste de développer son armement balistique et nucléaire. Le troc clandestin permet par définition à la Corée du Nord de ne laisser aucune trace officielle et lui fait économiser ses faibles réserves en devises étrangères. Pour Hugh Griffiths, spécialiste des trafics illicites à l'Institut international de recherche sur la paix de Stockholm (Sipri), ce trafic "d'une ampleur inconnue" consiste pour la Corée du Nord à remettre en état du vieux matériel militaire chinois ou soviétique, en échange de monnaie sonnante et trébuchante, ou de nourriture. Dans le navire arraisonné au Panama, 220 tonnes de sucre ont été découvertes avec les armes. En mai 2012, des pièces de missiles à bord d'un navire battant pavillon chinois et destinées à la Syrie avaient été saisies dans le port sud-coréen de Busan. Le cargo contenait des cylindres de graphite déclarés comme des tuyaux en plomb.