
© Éric Houri
De passage au Havre en janvier 2002, Louis Gallois, alors président de la SNCF prophétisait : "Nous en sommes à 160.000 EVP par an de conteneurs maritimes acheminés par le fer. Notre objectif est 550.000 en 2010. Et la part modale passera de 11-12 % à 25 %". En 2012, le GPMH en était à 100.000 EVP et la part modale du ferroviaire entre 5 et 6 %. Loin de toute perfidie, force est de constater que les déboires de Fret SNCF ces dix dernières années ont sérieusement ruiné les ambitions affichées alors. "Le port du Havre est celui qui a le moins régressé en matière de ferroviaire et tous les nouveaux entrants y sont présents et assurent désormais 30 % de l’activité", minimise Christian Feuvre, un ancien de Fret SNCF aujourd’hui directeur des réseaux au GPMH.
"160.000 EVP par an de conteneurs maritimes acheminés par le fer"
Mais surtout, "l’homme de l’art" voit plusieurs raisons d’espérer en un avenir ferroviaire plus radieux. D’abord, le rapport remis par le Commission Duron au Premier ministre qui a opté pour sa "version 2". Les projets ferroviaires touchant la Haute-Normandie figurent sur le haut de la pile. "Rien que du très positif à nos yeux. D’abord avec le message fort sur l’entretien des réseaux, même si les travaux de maintenance vont constituer une gêne dans un premier temps. Et ensuite la prise en compte de la nécessité stratégique de désenclaver les ports et de les raccorder aux grands réseaux", souligne Christian Feuvre.
Ligne Nouvelle Paris-Normandie
Ainsi, la LNPN (Ligne Nouvelle Paris-Normandie) constituera un élément fort d’attractivité pour nos territoires haut-normands et nos ports et contribuera à libérer des sillons pour le fret. De même pour la modernisation du segment Serqueux-Gisors (après sa remise en état qui s’achève) qui, à horizon 2018 avec entre autres la suppression d’un rebroussement, permettra le passage des trains de 750 mètres contre 550 mètres actuellement. "L’électrification de ce tronçon, actuellement à l’étude mais plus lourde financièrement, n’est même pas une absolue nécessité", précise Christian Feuvre. Au sujet de la longueur des convois, Naviland Cargo, après un test réussi en août 2012, s’apprêterait à mettre en service avant la fin de l’année des trains de 850 mètres de long entre Le Havre et Paris. Aux côtés de cet opérateur dont les navettes desservent Bordeaux, Lyon, Paris ou Strasbourg, d’autres services montent en puissance vers Cognac (Naviland), Lyon (Greenmodal) ou encore Clermont-Ferrand (Ferrovergne). Repris par le groupe Charles André, Novatrans étudierait la relance de liaisons vers l’Italie ou le Nord de la France, en sommeil depuis quelques années. "Et tout devrait encore s’améliorer après la mise en service fin 2014 du chantier multimodal. La massification des volumes devrait permettre une plus grande compétitivité en matière tarifaire", espère Christian Feuvre. Il rappelle d’ailleurs qu’entre 2005 et 2015 le GPMH, qui a hérité de 200 km de réseau ferré portuaire mais n’a véritablement la main sur ses équipements que depuis 2012, aura investi environ 250 millions d’euros dans le domaine ferroviaire. "Pour parvenir à disposer d’un outil performant", estime le directeur des réseaux du GPMH.